…et si nous devenions des “citoyens entreprenants” ?

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Lettre d’info n°29 – 27 juin 2005

Filed under: Lettres d'info — Auteur : — 27 Juin 2005 —

Une lettre largement consacrée à la plénière du 24 juin… mais pas uniquement ! vous trouverez aussi un point de vue sur l'incapacité des politiques à prendre en compte la nouvelle donne démocratique… et une réaction critique sur la précédente lettre

L'ACTUALITE des ATELIERS

Une plénière

Le 24 juin, c'était la 6ème plénière, déjà ! Même si nous avons regretté l'absence de quelques-uns des fondateurs qui ont largement contribué à donner le ton de nos rencontres, nous avons été nombreux à constater la « tenue » équivalente de cette cuvée d'été ! Malgré nos craintes sur la participation, nous étions près de 30 entre le matin et l'après-midi à avoir consacré un moment à la plénière. Cette année encore, presque avec les mêmes mots que celle qui en faisait le constat l'an dernier, une des benjamines de l'assemblée a redit son étonnement et son bonheur de trouver un espace où la parole est aussi libre et l'écoute si palpable. Oui, il y a bien des constantes dans nos modes de fonctionnement, malgré le temps qui passe et les nécessités de renforcer notre fonctionnement associatif ! On a connu encore des instants forts où l'intime se partage sans impudeur : qu'on me permette juste de garder la trace du témoignage d'un « nouveau venu », attiré aux Ateliers par la transformation tangible de son amie et consœur, dont il attribuait la plus grande assurance dans les échanges, la meilleure maîtrise des enjeux de société,… à la fréquentation des Ateliers. Bel hommage !

Empowerment à la française, comment faciliter l'initiative ?

Le débat du matin était consacré aux pratiques d' « empowerment » et à leur transférabilité dans la culture française. On est très vite tombé d'accord pour dire que les coopérations mises en place dans les démarches de community policing ou dans les community development corporations étaient inscrites dans la tradition américaine, telle qu'elle s'est imposée dès l'arrivée des premiers colons (cf le pacte du Mayflower visant à constituer un « corps politique civil »). Notre culture de l'intérêt général nous oblige à concilier autrement liberté d'initiative et égalité devant les politiques publiques, si nous voulons éviter que des expériences aussi vivantes que celle du quartier de la place du Pont (Lyon-Guillotière) ne se terminent dans l'incompréhension réciproque des habitants-militants et des fonctionnaires-appliquant-la-règle, sous le regard d'élus souhaitant éviter de prendre parti pour ne se fâcher avec personne. Trois points ont été soulignés : l'inadaptation du concept d'habitants pour fonder une légitimité politique, la facilitation de l'initiative (de citoyens, qu'ils habitent ou travaillent dans le quartier, d'acteurs économiques et sociaux) dans des procédures d'appel à projets ouvertes, l'utilité d'une évaluation citoyenne grâce au tirage au sort.
Même si nous n'en avons pas parlé explicitement en conclusion des échanges, nous avons sans doute les bases d'un atelier, en phase avec des préoccupations déjà exprimées au cours de l'assemblée générale d'avril dernier sur les rapports entre les citoyens, les élus et l'administration. A suivre.

Bilan des « mises à l'épreuve »

Nous avions retenu le terme de « mise à l'épreuve » pour parler de la phase où les ateliers, après avoir fait un travail de discernement interne, ressentaient le besoin d'aller confronter leurs travaux avec des interlocuteurs extérieurs. Deux ateliers, parmi les plus anciens, ont pris ce parti : l'atelier « espaces commerciaux » et l'atelier « information télévisée ». Dans le premier cas les contacts pris ont conduit à faire une proposition d'intervention dans un centre commercial, via la « Citéfacture » ; dans le second, un « café médias » mensuel a été mis en place avec le Club de la presse et Sciences-po. Ces réalisations ont-elles pour conséquence la fin de l'atelier qui les a vu naître ? Pas nécessairement : les membres de l'atelier « espaces commerciaux » souhaitent continuer un an encore à partager les résultats de leur travail, tant les premiers contacts montrent qu'ils sont en phase avec les questionnements des professionnels du secteur ; après réflexion les membres de l'atelier « information » convenaient aussi que le travail en amont et en aval d'un café-médias constituait toujours un travail d'atelier avec ses retours d'expérience, sa réflexion de fond pour trouver un thème au café, …
Deux autres ateliers « métiers » et « personne, entreprise et société », après un renouvellement important de leur composition éprouvent le besoin d'engager une nouvelle phase de discernement. Enfin les deux derniers nés des ateliers « loi » et « laïcité » se donnent le temps de poursuivre leur travail de fond.

Evaluation : vers un groupe de travail dans le cadre du réseau régional de la démocratie participative ?

Nous sommes convaincus que nos financements comme lieu de formation mutuelle à la citoyenneté ne perdureront que si nous sommes en mesure d'évaluer notre action. La sanction habituelle d'une formation c'est un diplôme ou un équivalent. L'ennui par rapport à ce que nous recherchons, c'est que le diplôme constate si le but poursuivi est atteint, les connaissances acquises, il ne permet pas de faire un état des transformations de la personne. Or c'est bien de cela qu'il s'agit aux Ateliers, d'une transformation de notre rapport aux questions de société avec une influence sur nos pratiques personnelles, sociales et professionnelles. Seuls le processus de transformation, la mise en mouvement, doivent être regardés, à notre sens, la destination appartenant à chacun.
Au moment où le réseau Rhône-Alpes de démocratie participative mis en place à l'instigation de la Région engage une réflexion sur les formations à la citoyenneté, les Ateliers pourraient proposer un groupe de travail sur le sujet.

Les nouveaux ateliers pour la rentrée

Deux ateliers, en dehors de celui évoqué à propos du débat sur l'empowerment devraient voir le jour à la rentrée :
– Le premier sur les déplacements « durables », à la suite de la rencontre INITIALES consacrée à ce sujet en mai. Déjà une dizaine de personnes ont commencé à débroussailler le thème. Elles se revoient la semaine prochaine pour préciser leur problématique. Cet atelier se réunira à Lyon.
– L'autre atelier se réunira à Grenoble, c'est un premier essaimage hors de nos bases, Lyon et Paris. L'idée est née d'une rencontre avec Jean-Philippe Motte adjoint à la Ville de Grenoble en charge des questions de participation des habitants et d'un collectif d'associations grenobloises qui travaillent sur divers aspects des retraites. Le thème de l'atelier sera sur les seniors dans la Cité. Là encore une réunion est prévue pour définir l'axe sur lequel l'atelier se mettra au travail.
L'ACTUALITE VUE DES ATELIERS

France, Europe : les réponses des politiques ne sont pas à la hauteur !

Qu'on ait voté oui ou qu'on ait voté non, comment ne pas sentir aujourd'hui à quel point les politiques semblent démunis pour réagir au référendum ? Au plan européen comme au plan national, les responsables sont incapables de se hisser à la hauteur voulue pour proposer d'autres perspectives que les éternels atermoiements parés artificiellement de volontarisme ou de sagesse.
Villepin, chantre du volontarisme, analyste inspiré de la coupure entre le peuple et les élites dans « Le cri de la gargouille », ne trouve rien de mieux pour nous réconcilier avec l'action publique que d'élaborer à la va vite un énième plan d'urgence pour l'emploi qui sera adopté sans vote par le biais d'ordonnances. Aucune perspective d'ensemble : on crée un contrat de plus qui s'inspire du modèle danois mais sans avoir sa cohérence ; on croit être astucieux en instillant la flexibilité en allongeant la période d'essai à 2 ans ce qui en fait mécontente tout le monde. Quand donc aura-t-on le courage de dire vers où on souhaite aller (une refonte globale du droit du travail équilibrant sécurité pour les personnes et flexibilité pour les entreprises) sans préjuger du chemin qui, lui, se doit d’être négocié avec les partenaires sociaux ? Villepin comme ses prédécesseurs fait l'inverse : il impose une étape sans fixer de cap, ce qui ne laisse aux acteurs sociaux qu'une alternative : accepter ou refuser… comme pour le référendum ! On se prépare un automne difficile.
Au plan européen, les politiques apparaissent sonnés : le seul recours qu'ils voient c'est le temps. On repousse les échéances d'un an … et on fait semblant de croire qu'on a décidé quelque chose. Personne n'est dupe sur le fait que les responsables européens n'espèrent qu'une chose : calmer le jeu en invitant à une large réflexion et l'emporter à l'usure quand les blocages institutionnels seront évidents pour tous. Ils passent ainsi à côté de l'occasion de démocratiser réellement la construction européenne, qu'ils prétendent pourtant rechercher depuis longtemps. Jérémy Rifkin écrivait un papier excellent sur ce thème dans le Figaro la semaine dernière. En voici de larges extraits:

« La crise constitutionnelle européenne procure à l’Europe une occasion rare qui doit être saisie rapidement et fermement, ou alors l’expérience européenne perdra son rythme de croisière, avec des conséquences tragiques pour l’avenir de l’Europe et du monde. (…)
Mais quelque chose de décisif s’est produit ces dernières semaines. Les votes français et néerlandais ont marqué le début de l’européanisation des politiques au niveau le plus concret, aux tables familiales, dans les cafés, les usines, les bureaux et les rues. (…)
La question, désormais, est de savoir si l’intérêt accru du public pour le débat européen a juste offert une oxygénation temporaire aux frustrations et aux aigreurs politiques ou si, au contraire, comme l’ont suggéré certains analystes, les premières ébauches d’une conscience européenne de la base. Là réside le test décisif. La période de réflexion qui commence pourra-t-elle être transformée en grande conversation européenne qui permettrait, dans chaque quartier et aux échelons les plus locaux, des échanges et des débats sur les espoirs, les rêves et les craintes concernant l’avenir de l’Europe ? (…) Les organisations de la société civile, les groupes d’étudiants, les intellectuels, les parents et les immigrants fraîchement arrivés devraient s’emparer de cette initiative en organisant des forums dans chaque communauté politique d’Europe. Le moment est venu pour la société civile et le secteur tertiaire, en Europe, d’aller de l’avant et de faciliter le débat public.
(…) L’Union européenne et les États membres peuvent même fournir des fonds visant à faciliter l’organisation d’un tel processus, qui doit être conduit par les organismes de la société civile dans chaque localité européenne. Le meilleur échelon pour commencer, c’est peut-être les 250 régions européennes. Les élus locaux, régionaux et nationaux ainsi que les représentants européens devraient assister à ces séminaires en observateurs et écouter attentivement ce que leurs participants ont à nous dire. Les douze prochains mois devraient représenter un tournant décisif dans l’agenda européen, si les peuples prennent l’initiative de modeler la direction future de l’expérience européenne et du rêve européen. »

Dommage qu'aucun de nos dirigeants ne se soit exprimé ainsi. A nous, acteurs de la société civile, d'engager ce mouvement en veillant, en France, à y associer autant les partisans du OUI que ceux du NON.

Hervé Chaygneaud-Dupuy

Réaction à la lettre 28 sur le référendum
– Démocratie :régime politique dans lequel le peuple exerce sa souveraineté lui même
– Démocrate (gr.dêmos peuple et kratos pouvoir) attaché à la démocratie
Alors assez étonnant ce débat autour du référendum du 29 mai , du typiquement français, il faudrait casser le thermomètre car la température n’est pas bonne.
il y a les ‘émerveillés’ de la démocratie lorsque les français avec un faible taux de participation et à une majorité dépassant tout juste les 50% disent OUI à Maastrich
il y a les ‘ennuyés » de la démocratie quand avec une participation record il y a 55% de NON
Je sens poindre une inquiétude parmi ‘les penseurs à quelques uns pour les autres’ lorsque le peuple des quartiers difficiles, celui des campagnes en souffrance, celui des ouvriers d’usine, des employées du commerce………ose contredire et s’opposer aux supporters de la pensée unique, il faudrait donc s’inventer une nouvelle démocratie au prétexte que les résultats de la dernière pratique ne nous satisfont pas, que ces braves électeurs du NON n’avaient pas tout compris et le comble ils ne sont pas tous pour le même NON. Au fait! ces remarques n’ont elles pas à s’appliquer aux électeurs du OUI? surtout pas car le seul OUI était moderne, de progrès, le OUI de l’intelligence, de ceux qui ont compris, qui savent…
Mais toujours pas d’interrogation sur les conditions réelles dans lesquelles doit et devrait s’exercer la DÉMOCRATIE tout court.
Ou est l’égalité des citoyens pour avoir les moyens d’accès à des forums internet?
Ou est la liberté pour tous ces salariés qui travaillent en 3/8 en 4/8 en 5/8 de participer à des conférences de citoyens ?
Ou est la fraternité pour ces familles qui vivent la 2ème voir la 3ème génération de chômeurs?
Heureusement il reste à ce peuple des capacités de réflexion, de se rappeler les promesses faites toutes ces dernières années sur les bienfaits de l’Europe, d’avoir l’utopie d’une autre gestion de la société, d’oser penser que le progrès ne peut se construire sur la base du plus petit dénominateur commun!
Michel Catelin

Ce n'est pas, à mon sens, parce que les Français ont voté non, qu'il faut inventer une autre démocratie mais bien parce qu'il y a un écart croissant entre la démocratie représentative et les citoyens. Le parlement aurait approuvé à 90% le traité constitutionnel !
La question du risque d'exclusion face aux nouvelles formes de démocratie est essentielle, vous avez raison de la pointer… bienvenu pour y travailler !
HCD

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