L'ACTUALITE vue des ATELIERS
Certitudes par procuration
« Grève par procuration », cette expression a rapidement pris dans les médias et elle ressert régulièrement depuis les grandes grèves contre le plan Juppé. En voyant l'émotion suscitée par la mort du pape, un rapprochement m'est venu avec cette expression. Il me paraissait en effet un peu étonnant de voir une telle ferveur autour d'un pape que beaucoup (souvent les mêmes) ne se privaient pas de critiquer pour ses prises de position morales. L'explication donnée par les médias ne me paraissait pas suffisante. Les gens ne font pas le bilan de l'action du pape avec au crédit l'action internationale et son rejet d'un capitalisme sans régulation et au débit son conservatisme moral et son refus du mariage des prêtres. C'est une vision de comptables, un « droit d'inventaire » sans âme.
Ce qui me paraît mouvoir (au sens propre) les foules d'aujourd'hui, c'est le réconfort de vivre des « certitudes par procuration ». Même sans partager ces certitudes, ils sont heureux que quelqu'un, en leur nom, aille au bout de ses certitudes. Le pape se serait livré aux mêmes compromis avec l'air du temps que tout un chacun, il aurait perdu son aura. Ce qui a plu en lui c'était sa dimension hors du temps, son côté inébranlable, roc dans un paysage mouvant. Même malade, même sans voix, il semblait ne jamais devoir lâcher prise.
J'ai le sentiment que les règles ne sont plus faites pour être appliquées mais pour servir de point fixe pour notre navigation personnelle au gré des vents et des courants. Notre responsabilité d'humain, croyant ou non, est de naviguer au mieux. Mais ne demandons pas aux phares de naviguer !
On a souvent dit que ce pape était un pape politique, je pense le contraire : la politique, c'est l'art de négocier le vivre ensemble en trouvant le compromis le plus acceptable. Ce pape était un point fixe que rien n'ébranlait, il disait contre vents et marées ce qui lui paraissait non négociable pour maintenir l'humanité de l'homme.
Beaucoup on dit qu'ils avaient perdu un père, un grand-père, quelqu'un qui faisait réellement partie de leur famille. Ca sonnait juste. On était alors loin de l'idolâtrie sur laquelle on s'appesantit parfois un peu trop. A la mort d'Aron dont on fête cette année le centenaire j'avais ressenti un vrai vide, tant ses chroniques dans l'Express m'aidaient à me construire comme « spectateur engagé ». Je ne peux pas m'empêcher de me sentir un peu orphelin aujourd'hui malgré tout ce qui me séparait de ce pape. Moi aussi j'avais besoin sans doute de vivre par procuration quelques certitudes.
Hervé CHAYGNEAUD-DUPUY
VIE DES ATELIERS
Une étape
La rencontre du 1er avril n'était pas une plénière… mais la convivialité à laquelle chacun est attaché était bien présente. Nous avons évité (à peu près) tout ce qui peut apparaître purement formel dans une AG sans renoncer à traiter les questions importantes : nouveaux statuts, nouveau CA, approbation des comptes 2004 et du budget 2005, fixation d'une cotisation. L'association est en ordre de marche.
Nous avons maintenu un temps d'échange sur notre façon d'interpréter le modèle associatif. L'opposition que j'avais reprise d'un des fondateurs du forum social (Chico Whitacker) entre « mouvement », dirigé vers un but, et « espace », mis en place pou faire émerger les initiatives, a été balayée sans ménagement. Inutile d'opposer un modèle à un autre, disons simplement ce que nous faisons, et là-dessus tout le monde tombe vite d'accord. 3 mots suffisent à Dominique Fauconnier : diversité – questionnement – rencontre. Philippe Cazeneuve a trouvé une formule qui a convenu à tous pour dire que l'association des Ateliers n'était qu'un support pour le bon fonctionnement de chaque atelier. Les Ateliers ne sont donc pas un lieu de militance collective. Les statuts ont été précisés en ce sens.
La rencontre a bénéficié de 2 bonnes nouvelles récentes : l'avant-veille, Serge Tonioni du club de la presse de Lyon et Jean-François Tetu de Sciences-po Lyon nous avaient donné leur accord pour lancer ensemble un « café média » suite aux travaux de l'atelier Information et citoyenneté (première édition en mai, on en reparle bientôt) ; le jour même le nouveau directeur du centre commercial de la Part-Dieu a reçu les représentants de l'atelier sur les Espaces commerciaux et envisage de donner une suite à l'étude qui a été menée en décembre dernier dans le grand centre de la banlieue parisienne, Créteil Soleil (on revient sur le sujet dans une prochaine lettre). C'était plutôt encourageant de voir que de nos questionnements pouvaient naître des projets concrets… d'où la nécessité réaffirmée d'être attentif à la transition entre ce qui relève des Ateliers (de l'ordre du don mutuel) et ce qui relève de la Citéfacture, l'entreprise coopérative qui pourra mener des missions rémunératrices à partir des travaux des Ateliers. La première mission devra servir à fixer des règles précises découlant des principes affirmés dans les statuts.
L'assemblée générale a désigné les membres du nouveau CA avec l'accueil d'une toute nouvelle participante, Hélène Roche, l'une des fondatrices des cafés de la science. Le CA compte donc 15 membres :
Denis Bernadet
Claude Costechareyre
Colette Desbois
Guy Emerard
Dominique Fauconnier
Claire Jouanneault
Jean-François Lambert
Christine Lecerf
Philippe de Logivière
Pascale Puéchavy
Jean-Pierre Reinmann
Hélène Roche
Bruno Vincenti
Alain de Vulpian
Jean-Pierre Worms
Un comité de gestion a été constitué du trésorier, Jean-Pierre Reinmann, d'un administrateur délégué, Guy Emerard et du délégué général, Hervé Chaygneaud-Dupuy.
Enfin dernier point : la cotisation a été fixée à 15 € pour éviter qu'elle constitue un obstacle à l'adhésion. En conséquence il sera nécessaire de prévoir un événement rémunérateur au cours de l'année afin d'atteindre l'équilibre en 2005.
Leave a comment