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... et si nous débattions en “citoyens entreprenants” ?

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Contre-démocratie ou démocratie sociétale ?


  
Une fois encore, j'ai envie de réagir à un écrit de Pierre Rosanvallon, cette fois avec la perspective stimulante de pouvoir engager le débat directement avec lui car je serai le 18 janvier à la même table ronde que lui (au cours du colloque qui conclut les travaux de la Fonda sur les associations et le renouveau du politique).

Dans son dernier livre, La contre-démocratie, l'auteur sort utilement des analyses courantes de la crise du politique pour examiner la face la moins étudiée de la démocratie : l'expression de la défiance. Il montre en quoi elle fait partie, dès l'origine, du système démocratique et ne peut donc être vue simplement comme un affaiblissement de la démocratie représentative. Il examine successivement les diverses formes que peut prendre cette contre-démocratie : surveillance, empêchement d'agir, judiciarisation du politique. Plus que le risque de populisme, la dérive qu'il craint est celle d'une démocratie impolitique, c'est-à-dire privée de perspective globale, enfermée dans une dénonciation tatillonne de toute forme d'action d'envergure.

Soucieux à juste titre de sortir l'analyse de la démocratie du seul prisme électoral-représentatif, il finit par s'enfermer dans une vision d'une démocratie à deux faces, l'une institutionnelle et l'autre contestataire. Si la défiance est effectivement un moteur puissant et légitime pour éviter qu'une démocratie ne se transforme insensiblement en oligarchie, il me semble dangereux de voir la contre-démocratie comme le cadre systématique permettant la description des multiples transformations de la démocratie contemporaine, comme le propose Pierre Rosanvallon. La cohérence ainsi trouvée est en effet ambiguë : elle met en avant les acteurs multiformes de la société civile mais pour les enfermer tout aussitôt dans l'impolitique.

Ce n'est que dans la conclusion que Rosanvallon en arrive à une triple approche de la démocratie, complétant les deux premiers piliers par un troisième, « le travail du politique » qu'il définit comme l'activité réflexive et délibérative au travers de laquelle s'élaborent les règles de constitution d'un monde commun ». On aurait aimé que ce troisième aspect soit développé car cela aurait permis de voir que la société civile n'est pas limitée aux seules pratiques de la contre-démocratie. Quelques paragraphes sont bien consacrés aux démarches de démocratie participative, mais pour n'y voir qu'une « démocratie diminuée », réduite au local.

Non, la société civile n'est pas vouée au local et à la protestation ! Bien sûr, ce qui la met en mouvement est souvent une réaction à une situation concrète jugée insupportable mais ce n'est que la mise en mouvement, le travail réflexif et délibératif peut ensuite s'enclencher et contribuer à la redéfinition de ce qu'est le monde commun. C'est bien la société civile qui nous oblige aujourd'hui à nous questionner personnellement et collectivement sur la durabilité de notre modèle de développement, c'est toujours la société civile qui a remis au centre du débat politique la question du logement des plus pauvres. Il est d'ailleurs intéressant de voir la place des individus dans ces mobilisations : ici un producteur ultra connu d'émissions sur la nature, là un comédien complètement inconnu initiateur d'un collectif improbable significativement intitulé « les enfants de don Quichotte ». Il y a bien là la preuve (ou au moins un signe tangible) de la force de ce que nous nommons la citoyenneté entreprenante. Je sais déjà la critique qui est faite à ce type d'intervention. « Ce n'est pas de l'action, seules les associations qui ont un travail structuré et durable sont réellement légitimes pour intervenir dans l'espace public car elles développent une réelle expertise ». C'est oublier qu'en démocratie la parole est performatrice. Les Grecs l'avaient bien compris,qui mettaient l'isegoria (l'égalité du droit à la parole dans l'espace public) au centre de leur pratique démocratique. Prendre la parole publiquement, c'est œuvrer au discernement commun. Il n'y a donc pas d'action plus importante en démocratie.

Logiquement, les écoles de la citoyenneté devraient se multiplier pour accompagner ce mouvement de prise de parole directe de la société civile, tout comme les sophistes (dont la réputation est très injustement ternie)  s'étaient répandus dans l'Athènes du siècle d'or. Les Ateliers de la Citoyenneté ont donc en ce début 2007 toute leur légitimité pour accompagner l'émergence de ce que je préfère appeler la « démocratie sociétale » !

 
Hervé Chaygneaud-Dupuy

Un commentaire »

    UN NOUVEL AGE DEMOCRATIQUE

    La présidentielle est l’occasion d’un audit sociétal qui démultiplie les sujets et les intérêts. Il faut donc sans cesse remettre le théme de la rénovation démocratique sur le tapis.

    Le débat sur la rénovation démocratique a du mal à se faire entendre, alors même que neuf candidats sur douze, à la Présidentielle ont intégré dans leur programme respectif, le passage à la Sixième République. et que nombreux sont les candidats qui espèrent la convocation d’une constituante. Cette solution qui dans l'absolu serait idéale, mais qui doit rebuter les électeurs qui vivent déjà en campagne électorale depuis plus de 18 mois. Il ne faut pas non plus oublier que les législatives suivent cette campagne présidentielle.

    Le problème est aussi dans la communication et dans ce contexte il serait aussi intéressant d’établir une sorte de PACTE DEMOCRATIQUE DU CITOYEN pour changer la république, voire pour passer à la Sixième République, qui reprendrait quelques réformes institutionnelles qui peuvent apparaître essentielles et qui ont l'avantage de marquer les esprits et qui marqueraient l’entrée dans UN NOUVEL AGE DEMOCRATIQUE

    Voici trois premières réformes qui auraient pour objectifs: a) le mandat unique des élus, b) de revisiter le scrutin législatif par la proportionnelle, c) de réformer le Sénat par une réforme originale.

    A) Du mandat unique des élus

    Art 1) – « Les mandats nationaux, régionaux et départementaux, ne peuvent se cumuler qu'avec le simple mandat de conseiller municipal».
    Art 2) – « Nul ne peut être éligible à plus de deux mandats successifs pour la même fonction hormis celle de conseiller municipal ».
    Art 3) – « Les magistrats et les fonctionnaires de catégorie A ne peuvent être éligibles à un mandat électoral, hormis celui de conseiller municipal »

    B) Un scrutin législatif revisité par la proportionnelle.

    Tous les acteurs politiques sont d'accord pour intégrer une dose de proportionnelle.

    Art 1)- « Nous proposons de fixer ce taux à 1/3. On porte le nombre total de députés à 6OO dont 200 (soit un tiers) élus à la proportionnelle sur liste régionale. »
    Art 2)- « Les électeurs auraient donc 2 bulletins de vote à l’occasion du scrutin législatif: Un bulletin pour leur député de circonscription, et un bulletin pour voter sur les listes régionales de 10 députés par région en moyenne »

    C) Une réforme du Sénat.

    Il est proposé de reformer le Sénat, de supprimer le Comité Economique et Social national, et de refonder un nouveau Sénat sur des bases démocratiques nouvelles.

    Art 1)- « Le Sénat sera composé de 5OO sénateurs (environ) tirés au sort au niveau régional, parmi les conseillers municipaux dits « de base », c’est à dire ne faisant pas partie des exécutifs des assemblées municipales. »
    Art 2)- « Le mandat de sénateur n’est pas renouvelable et est d’une durée de 3 ans » ( c’est à dire un demi-mandat municipal.

    Cette réforme du sénat présente les avantages suivants;

    1) – d’assurer une bonne répartition géographique ( environ 25 sénateurs par région française)
    2) – de permettre une bonne diversité professionnelle des sénateurs quoiqu’alétoire
    3) – de valoriser la citoyenneté au détriment de l’appartenance partisane.
    4) – de conserver à peu près le même nombre de parlementaire (AssNat+ Sénat)
    5) – de permettre facilement la pratié Homme/femmes, puisqu’il suffit de tirer au sort 50 % de senatrices parmi les seules conseillères municipales.

    Ces trois réformes essentielles, mais aussi originales en un sens, sont à notre sens susceptibles d'apporter un début de solution à la crise de la représentativité politique actuelle en refondant le lien de confiance entre les élus et les représentés que sont les citoyens de ce pays.

    Sans aucun doute d'autres propositions ayant trait à la fonction présidentielle (mandat et compétences) mais aussi au Référendum d'initiative citoyenne, peuvent surement trouver place dans un tel Pacte Démocratique Citoyen

    Pour informations complémentaires voir blog et forum: http://pacte-democratique.blogspot.com/

    Comment by uguen bernard — 31 mars 2007 @ 16:51

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