NOTRE ACTUALITE
1er avril
La rencontre du 1er avril sera importante. Elle devra montrer la capacité des Ateliers à conserver ce qui fait leur identité (un lieu ouvert qui facilite le discernement de chacun) et à impliquer davantage tous ceux qui s’y trouvent bien. Nous devons à la fois rester un réseau ouvert et mieux tirer parti de la dynamique associative. Plusieurs d’entre nous ont une certaine réticence à l’égard du cadre associatif : expérience malheureuse d’un fonctionnement peu démocratique malgré l’affichage pour les uns, crainte de l’inefficacité de ce mode d’action pour d’autres… Pourtant nous essaierons de voir au cours de la rencontre du 1er avril, tout l’intérêt du modèle associatif pour peu qu’on ne s’enferme pas dans une pratique centrée sur le formalisme.
Premier exercice, ô combien délicat : la réécriture de nos statuts pour disposer du cadre approprié. Comme nous vous le disions dans l’invitation à l’assemblée générale, nous souhaitions engager l’échange sur ce texte en amont du 1er avril. Vous trouverez donc ci-après une rédaction perfectible des statuts, n’hésitez pas à nous faire part de vos réactions avant le 1er avril, ce sera une contribution utile à la préparation de la rencontre (si l’aspect « technique » des statuts vous rebute, lisez au moins le préambule et les articles 1 à 7 : nous avons essayé de rendre compte fidèlement du projet des Ateliers).
Merci de nous préciser par retour de mail si vous participez (si vous n’avez pas renvoyé le coupon-réponse). Si vous ne pouvez être présent le 1er avril, pouvez-vous malgré tout indiquer si vous avez l’intention d’adhérer à l’association. Merci d’avance.
Hervé CHAYGNEAUD-DUPUY
La fabrique à idées
Jeudi dernier, sur la devanture d'une librairie, j'ai vu la couverture d'un livre (« Machina memorialis» de Mary Carruthers, Gallimard) dont le sous-titre m'a attiré : « Méditation, rhétorique et fabrication des images au Moyen Age ». Fabrication des images ? Le soir même je me délectais de quelques fermes propos de cette américaine, spécialiste du Moyen Age et de la Renaissance. Page 13 : « La memoria médiévale est une universelle machine à penser – machina memorialis – à la fois le moulin où chacun broie le grain de son expérience (y compris toutes les choses qu'il a lues) pour produire une farine mentale qui, boulangée, donnera un nouveau pain de qualité.» Et elle ajoute : « La méditation est une fabrique de la pensée. Les individus s'en servent pour fabriquer des objets, tels que des interprétations et des idées, mais aussi des bâtiments et des prières (…) Dans la culture monastique, l'individu n'a pas des idées, il les fabrique ». Et pensant à notre époque, et à nos systèmes prêts-à–penser et prêts-à-produire, j'ai encore lu : « La plupart des gens, aujourd'hui, achètent leurs outils tout faits. Mais nombreux sont encore les métiers – et au Moyen Age le fait s'appliquait à tous – où un apprenti apprend non seulement à se servir de ses outils, mais aussi à les fabriquer. Les scribes préparaient leurs parchemins, fabriquaient leurs plumes, mélangeaient leurs encres ; les maçons fabriquaient leurs doloires, leurs maillets et leurs limes. De même, les moines s'appliquant à la composition fabriquaient leurs représentations et leurs schèmes cognitifs. La fabrication des outils constitue une partie essentielle de l'orthopraxie ».
Je ne saurais mieux dire ce que la notion de métier m’a inspiré comme façon d’appréhender le monde des idées, et celle que je retrouve en pointillé dans nos ateliers. La citoyenneté peut-elle se « fabriquer » de la même façon ? Dans ce cas la pratique (individuelle et collective) est première et le concept second.
Dominique FAUCONNIER
Ce point rejoint le constat de Philippe Breton sur les origines de la démocratie. La démocratie, pour l’auteur de nombreux ouvrages sur les techniques d’argumentation, « n'est pas née comme projet (dont la réalisation se ferait dans un deuxième temps) ou comme institution (dont découleraient des pratiques sociales, mais d'abord comme pratique au sein d'une assemblée organisée par des règles originales de distribution de la parole.
Pour le dire autrement, la démocratie est d'abord un ensemble de pratiques qui mobilisent des règles et des compétences.
La naissance en Grèce d'un savoir spécialisé concernant la parole, ses techniques, son usage en société, ses normes, la techné rétoriké, qui servira de base à la culture occidentale, via sa redécouverte par les penseurs humanistes à la Renaissance, témoigne de l'importance conférée aux règles et aux compétences pratiques dans ce domaine.
Elles délimitent l'espace d'un ensemble de compétences essentiellement dans le domaine de la parole et de sa mise en œuvre sur le plan argumentatif, mais aussi dans la capacité à reconnaître la parole de l'autre comme symétrique : « une parole en vaut une autre », strictement ».
… oui la « fabrique des idées » a un rapport certain avec la pratique des Ateliers !
HCD
Le projet de statuts des ateliers
Préambule
« Avons-nous encore prise sur notre avenir ? » Des personnes de tous horizons se sont réunies au sein des Ateliers de la citoyenneté pour tenter d’apporter une réponse positive à cette question. La citoyenneté n’est alors pas seulement perçue comme un ensemble de droits politiques, elle se vit comme une capacité à prendre l’initiative dans la Cité.
Les « Ateliers de la citoyenneté » font ainsi partie des associations qui cherchent à réduire ce que l'on pourrait appeler l'entropie sociale : ce glissement naturel qui, même dans les démocraties dites avancées, entraîne le citoyen à se contenter d'un rôle de sujet. La citoyenneté ne se limite pas, en effet, à user épisodiquement de son droit de vote, elle implique un devoir de vigilance et de proposition pour faire face aux dysfonctionnements que nous constatons. Cela passe par des prises de conscience et des engagements personnels. Nous parlons pour cela de « citoyenneté entreprenante ».
Le mot d'Atelier est là pour signifier qu'il ne suffit pas de penser mais qu’il faut tout autant agir, faire alterner des temps de discernement et de mise à l’épreuve.
Le mot d'Atelier est également en résonance avec l'idée de « production » ; on aurait dit autrefois « d'utilité commune ».
Les membres des AdC se refusent à opposer l'intérêt personnel et le bien commun. Pour eux, « citoyen actif » et « actif citoyen » vont de pair. Dans ou hors de l'entreprise (lato sensu) il s'agit de prendre en compte les intérêts contradictoires des diverses parties prenantes, il faut combiner l’efficacité immédiate et les exigences de long terme, l'épanouissement personnel et la performance collective…Quel que soit le cadre dans lequel on agit, il importe de rester « un ». Salarié, parent, citoyen, on reste une seule et même personne.
Sans renier le caractère non lucratif de l'association, les productions des Ateliers peuvent avoir des retombées pécuniaires. Dans la transparence, il s'agit d'abord d'identifier et de mesurer les apports de chacun. Une structure associée, distincte des AdC, la « Citéfacture » (dont le statut associatif est appelé à se transformer en société coopérative) sert alors de cadre à la prise en compte des contributions de chacun en vue d'une redistribution pécuniaire équitable.
Ces spécificités permettent aux membres des Adc de débattre mais aussi de produire sans se mettre forcément d'accord sur une même « vision du monde » ; la liberté d'opinion y reste entière ; il ne s'agit pas d'un cadre de militance.
Les AdC fonctionnent ainsi depuis plus de deux ans. Créés de façon volontairement informelle sous l'impulsion de Hervé Chaygneaud-Dupuy avec le soutien de quelques « fondateurs », ils ont fonctionné jusqu'alors avec une simple association de gestion.
Les AdC souhaitent aujourd'hui transformer cette association pour une responsabilité plus partagée de leur pilotage ; d'où les propositions contenues dans les présents statuts. Leur adoption ne doit cependant pas les transformer en « constitution définitive ». Il s'agit de rester souple et de garder un état d'esprit dont ce préambule se veut le témoin. A l'image des Ateliers, ces statuts seront appelés à évoluer en fonction des évènements et du discernement collectif qui s'en suivra.
Texte des statuts
Le projet
article 1 – Objectif : L'association dite des « Ateliers de la Citoyenneté » (AdC) a pour objet de développer une approche « entreprenante » de la citoyenneté. Elle le fait en considérant que transformation sociale, transformation économique et transformation personnelle sont liées. Pour cela les Ateliers poursuivent un double objectif
• aider leurs membres et sympathisants à gagner en cohérence entre leur vie civique et les autres dimensions de leur vie, notamment professionnelle,
• élaborer de nouvelles pratiques sociales pouvant contribuer à améliorer nos fonctionnements collectifs ou à réduire des dysfonctionnements sociaux.
article 2 – Méthode : Les membres des AdC travaillent principalement en ateliers.
• En phase de « discernement », les ateliers fonctionnent par échanges oraux et écrits organisés autour de réunions à une fréquence (quasi) mensuelle.
• En phase de « mise à l’épreuve », les ateliers organisent des contacts et des rencontres pour partager leurs travaux avec des acteurs économiques et sociaux concernés par leurs thèmes de travail.
article 3 – Productions : Les synthèses des productions des Ateliers, sont publiques et donc diffusées par tous moyens à disposition. Elles sont notamment publiées sur leur site internet. Les membres des AdC sont des citoyens entreprenants. Ils peuvent réinvestir dans leurs propres activités les apports qu’ils tirent de leur participation aux Ateliers.
Si une mission rémunératrice, découlant des travaux menés au sein des Ateliers est proposée à un des membres, celui-ci en informe le comité de gestion des Ateliers. Un chantier, impliquant nécessairement plusieurs membres des AdC, peut alors être ouvert dans le cadre de la Citéfacture. L’accord de coopération est soumis au conseil d’administration pour approbation. Les principes qui fondent ces coopérations sont la transparence de l’information, la co-responsabilité pour éviter les abus et le retour d’expérience au bénéfice de tous.
Le « réseau » et son animation
article 4 – Membres : La qualité de membre actif des AdC suppose la participation régulière à un (ou plusieurs) atelier(s) thématique(s). Mais il est possible d'être simplement membre adhérent, qualité qui donne accès à l’assemblée générale et permet donc de participer au choix des orientations des Ateliers. Tout adhérent peut intégrer un atelier thématique sous réserve de l'accord des membres de ce dernier. Les AdC fonctionnent aussi comme un réseau ouvert à tous ceux qui s’y intéressent lors des diverses rencontres qu’ils organisent (plénières, mensuelles, initiales,…). Ceux-ci peuvent être invités à participer aux coûts de fonctionnement selon diverses modalités.
article 5 – Assemblée générale : L'ensemble des membres actifs et adhérents des AdC à jour de leur cotisation constitue l'assemblée générale. C'est elle qui approuve les choix stratégiques des AdC dans le cadre des rapports moraux et financiers qui lui sont soumis. Elle fixe le montant des cotisations, élit le Conseil d'administration.
article 6 – Conseil d'administration et bureau: Le conseil d’administration comporte 12 à 15 membres. Les membres du conseil d’administration sont élus pour 3 ans étant entendu que les membres actifs doivent en constituer au moins les deux tiers et que les animateurs d’ateliers en sont membres de droit le temps où ils assument cette fonction. C'est dans le cadre du Conseil d'administration que s'élaborent les orientations stratégiques des AdC. Le bureau, élu en son sein, en est l'organe exécutif.
article 7 – Comité de gestion : Afin de bien coordonner, tout en les distinguant, les fonctions d’administration et de direction, un comité de gestion regroupe un administrateur délégué désigné par le CA, le trésorier et le délégué général, animateur et porte-parole des AdC. Ce dernier, rémunéré pour ses prestations, n’est pas membre du conseil d’administration.
Le fonctionnement
article 8 – Moyens :
La première ressource (mais pas nécessairement la principale) des AdC provient de la cotisation de ses membres, celle-ci étant fixée par l'AG. Les AdC ont la qualité de Centre de formation professionnelle agréé et bénéficient des financements de la formation continue ; autant que faire se peut, les membres actifs demandent la prise en charge de leur participation à ce titre auprès de leur entreprise ou, à titre individuel, par le programme régional de la promotion sociale et professionnelle. Les ressources de l'association comprennent également toutes prestations dès lors que celles-ci l'impliquent dans sa globalité.
article 9 – Siège social
Le siège social est fixé au 14, rue Basse Combalot – 69007 LYON.
Il pourra être transféré par simple décision du Conseil d'administration.
article 10 – Réunion du conseil d'administration
Le Conseil d'administration se réunit au moins quatre fois par an sur convocation du président ou sur la demande d'un tiers de ses membres. Les décisions sont prises à la majorité des voix ; en cas de partage, la voix du président est prépondérante. Tout membre du Conseil d'administration qui n'aura pas assisté, sans excuse, à 3 réunions consécutives pourra être considéré comme démissionnaire.
article 11 – Réunion de l’assemblée générale
L’assemblée générale se réunit chaque année. Pour la validité des délibérations, l'Assemblée Générale devra être composée au minimum du quart des membres présents ou représentés. Chaque membre présent ne peut disposer que d'un seul mandat d'un membre absent. En cas d'absence de quorum, une nouvelle Assemblée Générale est convoquée dans les mêmes conditions, et siège valablement quel que soit le nombre de membres présents ou représentés.
article 12 – L'assemblée générale extraordinaire
Si besoin est, ou sur la demande de la moitié plus un des membres inscrits, le Président peut convoquer une Assemblée Générale Extraordinaire, suivant les formalités prévues par l'article 11. Le quorum est fixé à la moitié des membres.
article 14 – Règlement intérieur
Un règlement intérieur pourra être établi par le Conseil d'administration et approuvé par l'Assemblée Générale.
article 15 – Dissolution
En cas de dissolution prononcée par les deux tiers au moins des membres présents à l'Assemblée Générale, un ou plusieurs liquidateurs sont nommés par celle-ci et l'actif, s'il y a lieu, est dévolu conformément à l'article 9 de la loi du 1er juillet 1901.
Les présents statuts ainsi que leur préambule ont été approuvés par l’assemblée du 1er avril 2005. Ils remplacent les statuts de l’association de gestion qui avaient été approuvés le 18 juin 2002 et modifiés le 16 mai 2003.
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