…et si nous devenions des “citoyens entreprenants” ?

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Lettre d’info n° 18 – 24 septembre 2004

Filed under: Lettres d'info — Auteur : — 24 Sep 2004 —

Cette fois, c’est vraiment la rentrée. Chaque atelier (re)démarre courant octobre. Toutes les infos sur le site www.ateliersdelacitoyennete.org. Une nouveauté pour se retrouver régulièrement à Lyon et à Paris : les rencontres mensuelles.

IMPORTANT :
LA PROCHAINE RENCONTRE PLENIERE AURA LIEU LE VENDREDI 5 NOVEMBRE 2004 A LYON (programme dans la prochaine lettre d’info).

NOUVEAU : les rencontres mensuelles

Les objectifs
– permettre une réflexion collective sur des faits d’actualité dans l’esprit de ce qui se vit dans chaque atelier mais sans autre objectif de production que d’avoir le sentiment, en sortant, d’avoir enrichi son point de vue sur la question
– donner une occasion plus régulière que les plénières de se retrouver dans une rencontre ouverte à tous les membres du réseau (et pas seulement aux membres d’un même atelier), c’est en effet un bon moyen de façon très informelle, de contribuer à notre culture commune

Les modalités
un rendez-vous fixe pour l’ancrer plus facilement dans nos habitudes
– un même lieu, un même jour dans le mois, une même heure (à Paris et à Lyon)
une animation minimale pour permettre la fréquence sans contrainte
– chaque participant, avant de venir, fait un retour sur l’actualité et retient un ou deux fait(s) sur lequel il veut intervenir (et avoir l’analyse d’autres membres des Ateliers).
– un des membres fondateurs lance la discussion et veille à la circulation de la parole.
– la réunion ne donne pas lieu à un compte-rendu mais chacun est invité à écrire un texte en écho aux échanges qui sera publié sur le site (dans la partie communauté de travail)
premiers rendez-vous
à Lyon le 1er octobre à 12 h (et tous les 1ers vendredi du mois)
à Paris le 11 octobre à 11 h 30 (et tous les 2èmes mardi du mois)

TEXTES ESTIVAUX

Les banques et la citoyenneté – Laurence GAUTHIER-BOUCHE

Aujourd’hui voilà les multiples raisons pour lesquelles on n’obtient pas de prêt immobilier, par exemple
– avoir plus de 50 ans
– avoir eu une maladie à un moment de ta vie qui éventuellement est susceptible de reprendre : aucune assurance bancaire pour le prêt, donc pas de prêt
– être chef d’entreprise avec le « risque que ton entreprise tombe en faillite » ( ce qui a été dit à mon frère dont l’entreprise existe depuis plus de 10 ans, compte 50 salariés, a une filiale à Boston)
– être en intérim ou CDD, (chômeur, n’en parlons pas !)

… et pendant le même temps tous les gens pré-cités parviennent difficilement à se loger dans les villes face à la flambée des prix de l’immobilier.

Pourquoi une telle inadaptation ?
Il doit y avoir environ 30 banques en France, mais elles travaillent toutes de la même façon :
des ordinateurs qui bloquent les accords de prêt si on n’entre pas dans les critères, des responsables qui n’en sont pas, ils font l’interface client mais on ne rencontre pas les responsables des engagements, un management qui pousse à ne pas prendre de risques, comme cela on est sûr de grimper…
Nous sommes donc piégés dans un système où il n’y a aucune alternative (c’est la phrase qu’on doit entendre le plus en ce moment). Des organismes comme Cofinoga, les organismes financiers de la grande distribution sont plus souples mais à des taux terrifiants.
Ce qui m’énerve, c’est la ghettoïsation financière à laquelle on aboutit alors qu’on sait par ailleurs qu’une gestion performante d’une « banque des pauvres » est possible, comme on l’a prouvé avec le micro-crédit dans de nombreux pays. En France, il n’existe guère que l’initiative de Marie Novak avec l’ADIE. L’expérience prouve pourtant que les gens « pauvres » se font un devoir de rembourser car on leur a fait confiance. Je pense donc que c’est simplement dû à un manque de créativité ou de courage.
A Montréal nous avons une amie qui n’est pas spécialement riche mais qui participe à l’administration de sa banque : la caisse DESJARDINS, l’équivalent de la Caisse d’épargne ici. C’est géré quartier par quartier. Le comité de gens volontaires fait des choix pour des aides économiques à des jeunes qui se lancent etc.
On pourrait très bien imaginer que 1 % par ex du CA d’une banque soit réservé à des initiatives plus citoyennes, locales , originales, que sais-je.

Laurence GAUTHIER-BOUCHE – Marseille

Réaction d’un responsable associatif aux travaux des Ateliers – Bruno HERAIL

Etant dans un secteur où les valeurs sont l'association, la coopération, la mutualisation, je passe d'une implication à une autre et non d’une casquette à une autre. J'évite, autant que faire ce peut, de faire de la représentation car je n'y crois pas, celle-ci me semblant antinomique à ces valeurs.

Ceci étant, à la lecture de vos textes, je découvre un cheminement autre que le militantisme stricto sensu et qui s'appuie sur l'engagement citoyen, pour faire vite, un engagement s'appuyant sur un bénévolat « professionnalisé » et reconnu.

Cela va, en partie, dans le sens, en le formulant plus explicitement, de mes engagements dans le développement de la vie associative, bénévoles et salariés. (…)

J'ai de la difficulté à être en phase avec des problématiques, même associatives, basées sur le toujours plus. (…) Il y a urgence à modifier ses comportements de consommateur, dans tous les sens du terme. Exemple : L'été dernier, au Vigan, mais c'était partout en France, la grande surface vendait des pommes et des poires provenant d'Argentine, fruits inodores, sans saveur et de bonnes couleurs. Il y a 30 ans, je ramassais, toujours au Vigan, des pommes chez les producteurs : des golden et la célèbre reinette du Canada du Vigan des Cévennes, comme l'indiquaient les panneaux municipaux.
Le prix, au kilo, aurait été identique.

Patrick VIVERET, dans « Reconsidérez la richesse », écrit qu'une marée noire, bien que catastrophe écologique, est un facteur de croissance pour les indicateurs économiques, du fait de l'activité marchande qu'elle génère pour la prévenir et faire face à ses conséquences. (…)

Commençons par un bout ; il me semble y avoir un espace de réflexion qui permette de passer du local au global et inversement.

C'est du bric et du broc, comme un peu de sable de la plage qui gratouille sous le maillot. Mais, c'est, aussi, ma façon de vous dire l'intérêt que je porte à votre engagement, à la démarche que vous proposez.

Bruno HERAIL, responsable de la coordination des structures d’appui à la vie associative en Rhône-Alpes (SAVARA)

Notes de lecture : « Huit leçons sur le sport », par Paul Yonnet (Gallimard, 250 p., mars 2003) – Guy EMERARD

Paul Yonnet est sociologue ; il a déjà publié trois ouvrages sur le sport dont il est devenu le « spécialiste ». Le dernier, ses « huit leçons », est à la fois distractif et instructif pour qui s'intéresse aux phénomènes sociaux. Normal, car, comme il le dit (p. 23 et 24) : « …le sport joue le rôle autrefois tenu par l'Eglise, l'armée, le travail. …il scande (nos modes de vie) comme les rites saisonniers accompagnaient autrefois la ruralité…l'ordre du sport dont la qualité et la force première est de produire et d'entretenir de l'identité sociale et individuelle. »

Son approche rejoint donc la question politique et citoyenne. Mais sa réponse est très claire : « le sport ne représente aucune valeur ajoutée significative à la politique…jamais l'histoire n'a été modifiée par l'histoire du sport…le sport ne fait pas l'histoire…le sport n'annonce rien…il reflète l'idéologie et la politique…mais sa simplicité lui fait digérer toutes les tentatives d'instrumentation voire d'asservissement.. » (p.152 et 153).

Et pourtant le parallélisme entre sport-spectacle et politique spectacle s'impose tout comme les comparaisons entre une élection et un match ou entre un parti et une équipe. D'ailleurs P. Yonnet note (p. 46) que « l'on ne peut rien saisir des caractères pris par le phénomène politique dans nos sociétés si l'on n'analyse pas le lieu où s'opère la rencontre entre le métier politique et la population concernée : il s'agit de la sphère du loisir, une sphère déconnectée du monde du travail. » Donc même si le sport est tout autre au politique, l'un et l'autre se donnent en spectacle de la même façon.

Autre observation troublante : « le sport-spectacle est le domaine de la nation. De nations-nations comme de nations-régions, de nations-quartiers… » (p. 128) ; « un sportif, un club, une équipe ne représentent jamais une classe, une identité de classe seule, isolée d'autres classes…) (p. 129). Le sponsoring sportif ne respecte pas ce lien en créant des équipes de « marque » comme dans le cyclisme ou la voile : « les supporters ne sont pas des clients » (p. 151). « Si le cyclisme veut retrouver son lustre d'antan, il lui faudra inventer une formule qui renvoie le sponsoring à sa place. »

En conclusion P. Yonnet écrit ceci (p. 246 et 247) : « Le sport ne naît pas de l'ordre : c'est le sport qui crée l'ordre. Cet ordre, dans le sport-spectacle, les affrontements entre meilleurs égaux, enjoint de fabriquer de la rivalité, de l'élargir pour multiplier les occasions et rendre un culte à la tension compétitive. Or c'est là réduire la diversité. Il est amusant de constater que fabriquer de la rivalité, universaliser un sport de haut niveau, c'est fabriquer de l'uniformité. Partout on apprend à jouer au football en se préparant de la même manière, en répétant les mêmes gestes, en apprenant les mêmes tactiques, les mêmes systèmes sur le terrain…dans le sport-spectacle nous découvrons à l'œuvre la dialectique de la similitude et de l'écart : la différenciation se développe sur le fond d'un vaste mouvement d'assimilation.» Et maintenant remplaçons dans ces phrases «sport » par « politique » et « jouer au football » par « gouverner ». N'est-ce pas éclairant ?

Le sport et la politique appartiennent peut-être à deux planètes bien distinctes mais c'est bien la même mécanique qui règle leur mouvement et si le sport n'est pas prédictif des évolutions politiques il est bien le reflet d'une même réalité sociologique.
De prime abord cette perspective est désespérante : la différenciation n'est qu'apparente, la réalité c'est « un vaste mouvement d'assimilation » ; que l'on appelle : « globalisation » ? Les théories de P. Yonnet ouvrent heureusement une autre perspective. Il montre en effet qu'il existe deux systèmes de sport et que le sport-spectacle n'est essentiellement lié qu'au premier : celui dans lequel ne s'affrontent que des quasi-égaux et où, au contraire, les différents s'évitent. Comme en politique dans le G7 ou entre présidentiables. Dans le second système, « les individus s'affrontent avec eux-mêmes,… les inégalités physiologiques ne servent pas de levier à l'établissement d'une hiérarchie. » (p. 73) Affrontement de quasi-égaux pour faire du spectacle dans un cas, mise en scène de l'égalité des hommes (mais cette fois comme acteurs) par delà leur inégalité constitutionnelle dans l'autre. Avec les Ateliers nous nous situons évidemment dans cette seconde catégorie ; seconde mais pas secondaire, comme le Forum mondial par rapport au G7.

Le livre s'achève sur la description de deux phénomènes émergents, inéluctables mais pour l'heure non maîtrisés et, par suite, porteurs de troubles majeurs : les pratiques extrêmes et le dopage. L'analogie ne ferait-elle pas penser au terrorisme et au dérèglement énergético-écolo-économique ?…

Guy Emerard

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