La lettre d’info des Ateliers devient interactive !
Bonne nouvelle ! La lettre devient ce que nous voulions qu’elle soit : un espace pour prolonger nos débats. Nous publions ci-dessous trois textes, deux ont été écrits en réaction à des papiers parus dans les deux dernières lettres ; le troisième est une tribune spontanée. Bonne lecture et que le débat continue, notamment sur le thème que propose Guy Emerard : comment aider au discernement dans l’application de la loi sur la laïcité, puisque, une fois votée, il ne s’agit plus de s’y opposer mais de voir comment elle peut être appliquée sereinement …
Remarques complémentaires sur le rapport Virville.
Par Gaston Jouffroy
Le texte d’Hervé me paraît bien comme première contribution, je poursuis.
– L’entreprise est de moins en moins le lieu dominant de la socialisation.
Elle reste et restera cependant, quelle que soit l’évolution de la société, un lieu de lien social, parmi d’autres lieux; avec les exigences, des contraintes et des obligations autour de:
• La citoyenneté.
• Des droits de l’Homme et notamment le droit du travail.
• L’implication des acteurs dans la déontologie et la responsabilité sociale de l’entreprise.
– Le statut de salarié (qui est devenu le contenant du statut social), pourrait devenir « statut de collaborateur »; négocié et formalisé par un contrat à géométrie variable sur des bases déterminées, et moins unilatérales que les contrats à durée déterminée actuels. Le code du travail reste nécessaire.
– L’insécurité vient de l’incertitude du lien social; lien qui passait et qui passe encore, pour les plus vulnérables, par l’emploi.
Le statut social devrait remplacer le statut de salarié.
Le lien social se matérialiserait alors dans l’appartenance aux organismes sociaux, dont les missions seraient clairement mises en valeur pour que chacun puisse s’y référer.
Pour cela ont pourrait admettre que le collaborateur aurait un « salaire » affiché toutes charges comprises.
Son contrat de lien social aurait ainsi une « tracabilité » par les cotisations vers ces organismes qui fédèrent le lien social, et qui seraient « une propriété collective ».
Le contrat de collaborateur prévoirait des garanties, salaire minimum, obligation d' »out placement » et certaines garanties à déterminer.
L’entreprise reste et restera cependant pour un bon nombre un lien d’appartenance. Encore actuellement dans la région du Haut Doubs il est courant de voir dans les avis de décès » Retraité de l’entreprise X ».
Preuve de la forte Identification à l’entreprise.
Mais la crise de confiance dans la pérennité du lien atténue considérablement cette identification et l’entreprise sera de moins en moins vécue comme un lien de référence (communauté).
L’entreprise sera de moins en moins « intégratrice ».
Tant pis, tant mieux. Tant mieux, tant pis.
Petit retour en arrière. Pendant les trente années dites « glorieuses » les prestations sociales se sont développées.
Certaines étaient fondées sur le principe de « redistribution », d’où ces avantages acquis qui étaient souvent des compléments de salaire.
D’autres prestations, et notamment autour du chômage, relevaient plus de prestations sociales « aux victimes » du système.
Le financement de ces prestations est resté, jusqu’à la CSG (qui elle est basée sur tous les revenus) , appuyé sur les salaires comme bases de cotisation et sur les entreprises comme percepteurs.
Les effets pervers étaient visibles depuis le début des années 70, les partenaires sociaux pas plus que les politiques n’ont eu le courage de construire des bases plus larges pour financer la régulation sociale et un système de répartition des richesses autrement que par les salaires.
Aujourd’hui, les discours me semblent compliquer les choses. Simplifions les fractions!
Nous produisons de plus en plus, avec de moins en moins de main d’œuvre.
A qui profite le chômage?
Sur le marché du travail, avec les critères de l’offre et de la demande, le chômage profite aux entreprises.
Dans le domaine social, il provoque un sentiment d’insécurité général qui paralyse la dynamique du marché du travail, et ceci y compris chez les responsables de PME qui ne sont que « l’infanterie » d’un système de pensée où l’argent est le but d’un pouvoir économique.
Tout cela me renforce dans ma perception que le système néo libéral est un système de prédation de l’homme par l’homme. Basé sur l’intérêt individuel au détriment de l’intérêt général, dans un système de rapport de force.
« La science économique répète depuis cinquante ans, ad nauséam, la loi de l’offre et de la demande, et « cette ruse de la raison » qui veut que des vices privés engendrent un bien social.
« Soyez égoïstes, la société ira bien » Bernard Maris; Lettre ouverte aux gourous de l’économie qui nous prennent pour des imbéciles. Nov. 2003 Point/économie.
Dans ce paysage, reconstruire le lien social autrement que par l’entreprise devient de plus en plus nécessaire.
Mais l’entreprise restera un lieu de socialisation avec la responsabilité de la répartition des plus values économiques, ce qu’elle ne fait plus depuis longtemps. Lorsqu’on pense que le SMIG, qui est de plus en plus la base des salaires est très près du seuil de pauvreté, bonjour la responsabilité sociale des entreprises !
A propos de la lettre des Ateliers sur « l'affaire Juppé, Mazerolle, Tartempion… »
Par Guy Emerard
Je propose un point de vue autre que celui que nous propose Hervé.
Ce qui s'est passé prouve d'abord que la justice jouit d'une réelle indépendance et comme on a parfois quelques raisons d'en douter ça fait plaisir.
Ensuite il n'y arien là de bien catastrophique et le parti d'en rire vaut mieux que de s'en plaindre. Car quoi ? Un ancien Premier Ministre (raide peut-être mais plus courageux que beaucoup) qui se fait rattraper par la justice parce qu'il a couvert des tripatouillages pas jolis jolis…très bien !
Qu'il estime que la justice a eu la main lourde et fasse appel… normal !
Qu'il en informe l'opinion publique en dramatisant la chose…re-normal !
Qu'il dise qu'il fera autre chose que ce qu'il avait dit qu'il ferait ??? Et alors !
Et qu'enfin des journalistes se fassent avoir par ce contre-pied…tant pis pour eux !
Non, décidément, je n'arrive pas à me chagriner d'un tel « évènement ».
Je suis plus porté à essayer de comprendre ce que cache ce jeu. D'après ce que l'on dit ce ne serait pas lui mais son chef, l'hôte de l'Elysée,provisoirement intouchable, qui serait le plus coupable. Si tel est bien le cas et que l'on essaie d'entre dans la peau de cet éminent personnage, vous vous rendez compte de ce qu'il est en train de vivre. De la crainte qu'il peut avoir de très mal finir. Ce jugement lui fout la trouille et il y a de quoi. L'audacieuse sévérité des juges peut se lire comme le signe d'une fin de mandat très dure…et peut-être même…la tôle. Vous imaginez l'horreur de finir ainsi une telle vie ! Même si c'est peu probable, c'est intenable.
Alors que faire ? A sa place j'étudierai trois solutions :
• Se présenter une troisième fois mais c'est un peu ridicule ;
• Avoir un successeur du camp d'en face qui sache se montrer humain… comme lui-même a peut-être su l'être pour son prédécesseur ?…
• Avoir un successeur dans son camp mais alors pas une « planche pourrie » ; quelqu'un de sûr, de fort, de fiable….suivez mon regard !
Aucune de ces hypothèses n'est à exclure, certaines peuvent se jouer simultanément mais il ne faut en gaspiller aucune, surtout pas la troisième.
La suite n'est pas écrite et il sera intéressant de voir… et pour apprécier le jeu politique, croyez-moi, penons toujours en compte l'humaine réalité des princes qui nous gouvernent autant que des idées qu'ils affichent ou des discours qu'ils tiennent. Comme nous le faisons pour nos proches et pour nous-même ?
Avant de clore mon propos, encore un mot sur la lettre des Ateliers qui révèle le talent et la persévérance d'Hervé. Elle entretient le regard aigu que nous devons porter sur l'actualité pour agir avec discernement. Eh bien de l'acuité et du discernement, il va en falloir et beaucoup même à ceux qui vont faire appliquer la future loi sur les signes osten-machins.
Dire qu'on est pour ou contre ce texte ne sert plus à rien; en tant que citoyens nous devons nous y soumettre, un point c'est tout. Et l'attitude citoyenne serait me semble-t-il de se demander comment aider ceux qui auront à la faire respecter, les Principaux de collège surtout ?
Il ne serait pas inutile d'y réfléchir.
Mon élu, cet inconnu…
Par Nicolas Angonin
« Il est midi, je regarde les infos et là, une image m’interpelle.
Ce fragment audiovisuel me montre un maire député, ou député maire (cela doit dépendre de la manière dont on s’investit dans l’une ou l’autre de ces fonctions…), venu voir des salariés de DHL en pleine grève de la faim.
Cette présence, ce visage ouvert aux yeux attentifs résonnent étrangement avec le commentaire du journaliste qui rappelle que les échéances électorales des régionales approchent.
Pourquoi nos élus, ou nos concitoyens challengers, ont besoin d’urgence médiatique, sociale ou électorale pour s’ouvrir à leurs administrés ?
Il est évident qu’on ne peut, élu, passer son temps à se balader ou à bavarder avec tout le monde, mais que pourrait-on imaginer pour rendre le dialogue véritablement possible, hors sondage ou autre forme d’enquête précaire ?
Le gain serait mutuel ! : Les administrés se sentiraient pris en compte, y compris dans leur individualité ou spécificité, pourraient aussi trouver plus d’attachement pour un visage que pour une affiche; et les élus appréhenderaient mieux la réalité du terrain, la mesure humaine de la politique, prendraient peut-être plus de plaisir à travailler…
Rendons-nous visite !
Qu’inventer pour donner le goût aux élus de sortir et rencontrer les personnes qu’ils managent et pour que ces mêmes personnes n’aient pas crainte de pousser les portes des bureaux qui abritent leurs représentants ?
Le tout hors période électorale, bien entendu, simplement, sans enjeu, sans manœuvre de séduction intéressée, juste sincèrement pour aller dans le bon sens, ensembles.
Pour conclure cette réflexion, je souhaitais l’illustrer par un exemple dont j’ai le souvenir, au moment où je faisais partie du Conseil Départemental de la Jeunesse en Saône-et-Loire. Un animateur de la FOL, que je côtoyais au CJD, avait, dans ce même ordre d’idée, réussi à convaincre la maire de sa commune d’emmener quelques jeunes aux Etats Généraux qui réunissaient tous les maires de France. Cette initiative, même si elle est avant tout symbolique, montre bien le sens dans lequel pourrait s’orienter les réflexions autour du rapprochement entre élus et citoyens, dépassant le cadre de la visite de courtoisie ou électorale pour aller vers un « faire ensemble ».
Idéaliste ? Et alors… »
Le site des Ateliers
Le site internet des Ateliers de la Citoyenneté est ouvert : www.ateliersdelacitoyennete.org
Les membres des Ateliers recevront par e-mail leur identifiant pour accéder à la partie qui leur est réservée.
Les séances à venir
4ème réunion de l’atelier « Lieux de consommation et citoyenneté »
Mercredi 24 mars 2004, 12h-15h, à Paris
5ème réunion de l’atelier « Métiers et citoyenneté »
Jeudi 1er avril 2004, 10h-12h, à Lyon
6ème réunion de l’atelier « Personne, entreprise et société »
Jeudi 1er avril 2004, 17h30–19h30, à Lyon
6ème réunion de l’atelier « Information télévisée et citoyenneté »
Vendredi 2 avril 2004 10h-12h à Lyon
6ème réunion de l’atelier « Volontariat »
Mercredi 31 mars 2004 17h30-19h30 à Lyon
ARRET SUR ECRITS – Lundi 19 avril 2004 de 18h à 20h à Lyon
Séance présentée par Gaston Jouffroy et Hervé Chaygneaud-Dupuy autour de 3 ouvrages:
• La société civile, le troisième pouvoir ; Changer la face de la mondialisation. Nicanor Perlas – 2003
• Pourquoi la démocratie est-elle en panne? ; Essai sur la démocratie participative. Gérard Mendel – 2003
• La démocratie en miettes ; Pour une révolution de gouvernance. Pierre Calame – 2003
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