JT : un politique, un présentateur, un directeur,… mais où sont les citoyens ?
Le premier sentiment après LES DEUX JT, celui de TFI et celui de F2 était la désespérance : sur la première chaîne, un homme politique, qui en quelques jours de silence avait regagné en humanité, se déjugeait, donnant une nouvelle démonstration de la dévaluation de la parole politique ; sur l’autre chaîne, celle du service public, un journaliste se laissait aller à la plus absurde guéguerre du scoop. Le même soir, de façon inextricablement liée, Média et Politique confirmaient avec une totale impudence leur coupure d’avec la vérité et même de la simple réalité.
Coupure ou manipulation ? Nous avons assisté d’un côté à une opération de communication réhabilitation magnifiquement orchestrée sur 3 jours, de l’autre à une tentative de contre coup médiatique, de coup de poker d’un présentateur sans doute dépité face à la concurrence (?) de TF1.
Puis est venue la réaction des journalistes. Ce sont eux (et non la direction) qui ont conduit au départ du directeur de la rédaction. On en a vite fait une crise de confiance personnelle entre des troupes et un chef, alors que plusieurs journalistes ont voulu dénoncer la dérive éditoriale de leur chaîne. Malheureusement, le directeur général de F2 a déjà fait savoir que l’incident était clos et qu’il n’y avait pas lieu de changer de ligne éditoriale. La « mise en demeure » du CSA est quant à elle une sanction sans effet, puisqu’elle ne fait que rappeler le très vague devoir de « bonne information ». Il est donc frappant de voir l’irresponsabilité globale du système masqué par le recours classique au fusible.
Cette irresponsabilité se trouve qui plus est justifiée au nom de la plus grande des vertus, l’indépendance journalistique, face à laquelle un responsable public n’aurait qu’à se taire ! (extrait de l’édito du Monde du 13 février : on observera, en revanche, qu’il n’appartenait pas à M. Aillagon – moins qu’à quiconque – de formuler un jugement sur une « faute » journalistique. M. Aillagon était sur une pente dangereuse en réclamant, comme devant s’imposer quasi mécaniquement, une sanction. Cela rappelle le temps de l’ORTF. On ne veut pas y revenir.) Qu’il est commode, l’épouvantail ORTF, pour étouffer dans l’œuf toute critique extérieure à la profession…
Pour une chaîne commerciale, la sanction est claire ce sont les moindres recettes publicitaires en cas de baisse de l’audience. Mais pour le service public ? Comment faire jouer la responsabilité devant les citoyens pourtant plusieurs fois évoquée dans le cahier des charges qui fonde la mission de France 2 ? Face à l’information, nous ne sommes pas des consommateurs ni même de simples usagers, avec uniquement le droit de saisir le médiateur lorsque nous ne sommes pas satisfaits. Nous sommes des citoyens, et si nos représentants ne parviennent plus à assumer leur responsabilité, nous devons imaginer d’autres moyens pour faire entendre notre attente à l’égard du service public.
Tout d’abord, il est nécessaire d’ouvrir un véritable débat dans l’opinion sur les valeurs propres au service public. On les évoque rituellement mais on ne les définit jamais. C’est ce qui fait que le CSA utilise la notion on ne peut plus vague de « bonne information » ; c’est pour ça encore que les rédactions se limitent trop souvent à de simples règles de déontologie. Que dirait-on si les valeurs de l’école se résumaient à la « bonne tenue » des élèves en classe et que l’on acceptait dans cette optique le remplacement des cours par des séances de jeux vidéos pédagogiques jugées super cool par les élèves ? Aujourd’hui le principal critère de pertinence du service public est la satisfaction du public. Mais cette satisfaction est réduite à celle des élèves évoquée plus haut, une satisfaction immédiate sans prise en compte de l’enjeu du « mieux vivre ensemble » qui fonde le projet démocratique. Il n’y a pas forcément incompatibilité entre principe de plaisir et principe démocratique mais penser qu’ils se confondent peut se révéler dramatique.
Au moment où l’on réfléchit à une démocratie plus participative, il serait peut-être temps d’imaginer un collège de citoyens, pourquoi pas tirés au sort pour éviter de recourir aux éternels râleurs des associations de téléspectateurs, pour veiller au respect des obligations de service public. Non pas en faisant tomber des têtes mais en amenant les hommes et les femmes qui composent les rédactions à prendre du recul, à questionner avec de simples citoyens les mécanismes qui conduisent à montrer, à écarter ou à méconnaître telle ou telle information. En un mot, en faisant un travail de discernement collectif et ouvert. On se préoccupe beaucoup de créer de tels « forums hybrides » pour éviter les dérives de la science, nous pensons qu’il est temps d’y réfléchir pour les médias dont l’impact sur nos vies n’est pas moins important.
Texte rédigé par Hervé CHAYGNEAUD-DUPUY, à l’issue d’échanges avec des membres de l’Atelier « Informations télévisées et citoyenneté », Claire JOUANNEAULT et Denis BERNADET.
Rencontres fortuites et (peut-être) fructueuses
Allant l’autre soir à une réunion organisée par le Grand Lyon j’allais machinalement au siège de la Communauté urbaine, en fait ladite réunion était à l’hôtel de ville (logique !). N’ayant pas été le seul à me faire avoir, j’ai fait le déplacement entre les deux sites (20 mn environ pour les non-lyonnais) avec une personne ayant eu le même réflexe. Nous en avons profité pour échanger sur nos activités réciproques (elle s’occupe d’un festival de marionnettes). Intéressée par les Ateliers, elle voit tout de suite l’intérêt d’un atelier Culture et citoyenneté ! A suivre…
Alain de Vulpian tout aussi « innocemment » a parlé, au cours d’une réception, à un vieil ami, industriel dans le Nord, de ses récents engagements. Les Ateliers l’ont intéressé et il se demande si l’initiative ne pourrait pas être reprise dans le Nord. Là encore, à suivre…
Les Ateliers dans l’actualité !
On commence à parler de nos actions… à l’extérieur de notre premier cercle. Nous ne captivons pas encore les foules mais il y a un début à tout.
Tout d’abord un article dans le Progrès du 8 février 2004 pour évoquer les Initiales. (article en pièce jointe)
Et puis voici un petit texte «signaux de changement» écrit par Alain de Vulpian qui pourrait passer dans Vigilances ou dans la Lettre de Sociovision Cofremca.
« La société vivante tisse sa toile.
Stimulés par des initiatives citoyennes, des socio-systèmes de plain-pied et hétérarchiques continuent à tisser leurs mailles. Ils poussent plus loin la transformation de notre société et renforcent sa vitalité. Ils court-circuitent la « France d’en haut » ou l’impliquent dans des partenariats au sein desquels elle perd sa position dominante. Deux exemples lyonnais (l’autre concerne l’initiative de Maxence Brachet, Emergence) :
Les Initiales. A l’initiative de deux organisations citoyennes, L’Ami Public et les Ateliers de la Citoyenneté, une plate-forme a pris vie (un mardi par mois) où se rencontrent citoyens et émissaires de réseaux et d’associations qui souhaitent échanger sur un thème défini. Le dessein est que chacun ait l’occasion de faire part de son action aux autres, de partager le plaisir de faire, de découvrir la possibilité de s’investir et de contribuer modestement mais concrètement à l’amélioration de nos fonctionnements collectifs. Toute personne ayant entendu parler des Initiales par le bouche à oreilles ou par la presse peut y participer sous réserve que l’assistance d’une réunion n’excède pas cinquante. Ces rencontres sont soutenues par la Direction Prospective et Stratégie
d’Agglomération du Grand Lyon. »
Les séances à venir
4ème réunion de l’atelier « Lieux de consommation et citoyenneté »
Mardi 2 mars 2004, 12h-15h, à Paris
4ème réunion de l’atelier « Métiers et citoyenneté »
Vendredi 20 février 2004, 15h30-17h30, à Lyon
5ème réunion – jeudi 1er avril 10h-12h
5ème réunion de l’atelier « Personne, entreprise et société »
Vendredi 20 février 2004, 12h30-15h30, à Lyon
6ème réunion – jeudi 1er avril 17h30-19h30
5ème réunion de l’atelier « Information télévisée et citoyenneté »
Jeudi 26 février 2004, 12h-14h, à Lyon
6ème réunion – vendredi 2 avril 10h-12h
5ème réunion de l’atelier « Volontariat »
Mardi 24 février 2004 17h30-19h30 à Lyon
6ème réunion – mercredi 31 mars 17h30-19h30
PROCHAINE PLENIERE le vendredi 2 juillet et le samedi 3 juillet pour une suite amicale de la rencontre avec découverte du lieu d’accueil – Vézelay …
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