…et si nous devenions des “citoyens entreprenants” ?

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Lettre d’info n°49 – 18 septembre 2007

Filed under: Lettres d'info — Auteur : — 18 Sep 2007 —

A pieds joints dans septembre, voici deux invitations pour cultiver le goût de l’échange :

Une bourse des envies d’agir inédite le 19 septembre à l’Hôtel de Ville de Lyon

Une rencontre plénière des AdC le 29 septembre à Lyon

Les présidentielles sont passées, le débat des législatives se limite à l’ampleur plus ou moins grande que doit avoir la majorité présidentielle : tout est-il dit ? Notre rôle de citoyen, nous ne cessons ici de le dire, ne peut se limiter à la désignation des dirigeants politiques. Alain de Vulpian pressent une opportunité de renouveau à saisir.

Plusieurs informations sur ce que retiennent les médias de nos actions et sur les écrits et activités de proches des Ateliers : n’hésitez-pas à suivre les pistes proposées !


Petit exercice d’introspection dialogué ou pourquoi les Ateliers de la Citoyenneté ne sont pas une association.

– Mais, au fond, les Ateliers c’est quoi ? je ne suis pas sûr d’en avoir une vision très nette. C’est un peu flou, non ? toutes les personnes qui essaient de m’en parler prennent une grande aspiration avant de se lancer dans des explications passionnantes et passionnées … mais rarement synthétiques !

– tu exagères mais il y a du vrai dans ce que tu dis. Face à des chefs d’entreprises habitués aux présentations efficaces, je me suis bien rendu compte que je « passais » mal. Du coup j’ai essayé de voir ce qui faisait l’unité dans tout ce que nous entreprenons.

– Et qu’a donné ton introspection ? je brûle de savoir !

– Nous fabriquons des liens.

– Quoi ?! C’est tout !

– Ne ricane pas trop vite. On sait bien que c’est ce qui nous manque le plus. Les liens entre les gens bien sûr, mais aussi et dans le même mouvement, les liens entre les idées, les liens entre les projets et les initiatives.

– Toutes les associations font des liens, il n’y a rien de bien spécifique là dedans…

– La différence que je vois est essentielle, les associations produisent des liens mais ce n’est pas leur production principale si j’ose dire, mais un sous-produit lié au but qu’elles poursuivent. Dans une association on cherche à faire œuvre commune, on défend un intérêt commun… et bien sûr cela crée des liens.

– Vous défendez bien ensemble une certaine conception de la citoyenneté, non ? N’est-ce pas toi qui a mis en avant la notion de citoyenneté entreprenante ?

– Je crois qu’aucun d’entre nous ne se définirait comme militant de la citoyenneté entreprenante, comme on peut l’être de l’altermondialisme ou des droits de l’homme. Je crois qu’aux Ateliers nous n’avons pas de but commun… et ce n’est pas une tare ! Nous accompagnons les buts des personnes qui passent par les ateliers, qui peuvent être très divers. Ce que nous partageons, ce sont deux choses bien différentes : une méthode de discernement et, j’ose le mot, une conception de l’homme, un homme apte à maîtriser son avenir s’il s’en donne les moyens. Ni l’une ni l’autre ne peuvent être assimilés à des buts poursuivis en commun… tout en étant un fondement essentiel à notre action.

– Vous n’êtes donc pas vraiment une association !

– Là encore tu mets peut-être le doigt sur une réalité… que nous avions entrevue dès l’origine, lorsque nous cherchions la moindre institutionnalisation possible. C’est sans doute pour cela que les participants aux Ateliers ont une relation très particulière à l’association. On y vient, on en repart, on y revient, au gré des mouvements de la vie, et particulièrement des changements dans l’activité professionnelle. Cette intensité variable de la présence conduit assez rarement à la rupture ; des personnes perdues de vue depuis des mois redonnent signe de vie de manière impromptue. Des compagnons de route éloignés géographiquement envoient épisodiquement un mail pour marquer leur attachement (encore une forme de lien !) à ce qui s’échange. Et malgré ce que je dis de notre faible structuration associative, nous avons été étonnés de voir plus de quarante personnes envoyer leur cotisation.

– Des liens élastiques et durables. Votre production de liens devrait recevoir un label !

– Moque-toi !

– Ne crois pas ça. Je pense vraiment que ce type de liens est précieux. Il vous reste à rendre cette « production » plus évidente.

– Nous y travaillons, notamment avec quelques chefs d’entreprise sensibles à notre approche du « développement personnel ». A suivre…

– A suivre.

L’Eglise et l’effet de serre

Dario Fo, vous connaissez ! Moi, non. Du moins jusqu’à cet été où le « Courrier international » en eût fait paraître une brève nouvelle sous un titre étrange et ironique : « Le pape et l’effet de serre ».

En fait l’idée d’associer le « pape » au dérèglement climatique a du lui venir au cours de son écrit. Il commence en effet sur le thème de la catastrophe écologique qui nous atteint et dénonce l’incapacité des hommes à y faire face. Puis, brutalement et de façon incongrue, il fait entrer le pape dans son récit. Avec ses prélats, ses conseillers, son entourage… lui aussi passe en revue les causes et les conséquences désormais bien connues de l’effet de serre pour aboutir au même constat d’impuissance…

Puis sa conclusion arrive. La réponse papale est évidente : « Prier », tout en étant immédiatement complétée : « Mais renvoyer encore et toujours la solution à l’intervention divine n’est pas une solution digne de bons chrétiens : ‘N’abusez pas de la bienveillance divine’ dit l’évangile. Que chacun parle et lève la main pour se faire écouter… Indignez-vous et protestez… pour faire entendre que nous ne sommes pas disposés à être effacés comme n’importe quelle espèce en voie d’extinction ! »

Puis Dario Fo ajoute en post-scriptum : « Je viens de relire cette harangue… Je me sens mélancolique mais satisfait. Peut-être notre pape mérite-t-il toute notre attention. » Comme si cette nouvelle écrite en vitesse sur le ton de l’humour plutôt désabusé avait conduit son auteur à une conclusion plus profonde et porteuse d’espoir qu’il ne s’y attendait lui-même.

Or il se trouve que, cherchant cet été un livre sur l’histoire de l’Europe, je me suis rabattu sur un ouvrage d’Henri Tincq : « Ces papes qui ont fait l’histoire ». D’entrée, il met en contrepoint Pie VII qui, au début du XIX° siècle, se retrouve sans pouvoir et Jean-Paul II qui, 200 ans plus tard, est La personnalité la plus écoutée dans le monde. En deux siècles, l’Eglise a perdu son pouvoir temporel mais acquis un poids moral sans égal. Il lui aura fallu pour cela accepter les droits de l’homme, la laïcité et… la démocratie comme principe de gouvernance pour les nations mais… pas pour elle.

Et c’est là, me semble-t-il, que le rapprochement est à faire entre l’essai d’Henri Tincq et la nouvelle de Dario Fo. Tous deux sont des hommes de gauche, peut-être pas anticléricaux mais certainement pas très d’accord avec la ligne « politique » des deux derniers papes. Et pourtant Henri Tincq souligne leur autorité morale et Dario Fo conclut que c’est de l’Eglise que peut venir le réveil de l’humanité face aux périls qui menacent le genre humain.

Comme si les démocraties parce qu’elles n’expriment pas tant le bien commun que les intérêts majoritaires immédiats étaient incapables de réagir face à un tel enjeu alors que l’Eglise, non démocratique, le pouvait, par eschatologie.

Guy Emerard

Septembre 2007

Dans le prolongement de ce texte de Guy Emerard, voici ce que j’écrivais en conclusion de l’atelier « laïcité et fraternité » sur l’intérêt d’avoir un double système de référence (politique et spirituel) : chacun a la primauté dans son champ mais en acceptant d’être second dans l’ordre d’en face, ce qui oblige à ne penser qu’en termes d’ « absolus relatifs » (le plus beau – et le plus utile – des oxymores puisqu’il oblige à un questionnement permanent de ses propres valeurs, ce qui évite de les imposer aux autres !)

J’ajoutais plus loin : Il est souhaitable de reconnaître que les croyances religieuses, spirituelles, philosophiques peuvent contribuer au bien commun car elles sont une aide au discernement de ce qui donne du sens à la vie, parce qu’elles savent aussi promouvoir l’importance de l’engagement. Il ne s’agit pas pour autant de confondre les rôles, ce sont bien les citoyens qui agissent dans la Cité et non les religions en tant que telles. Leur rôle est auprès de leurs adeptes. La première encyclique de Benoît XVI est assez explicite sur ce point. « L’Église ne peut ni ne doit se mettre à la place de l’État. Elle doit s’insérer [dans le débat] par la voie de l’argumentation rationnelle et elle doit réveiller les forces spirituelles, sans lesquelles la justice, qui requiert aussi des renoncements, ne peut s’affirmer ni se développer ». Pour Benoît XVI, les Chrétiens doivent ainsi s’engager : « En tant que citoyens de l’État, ils sont appelés à participer personnellement à la vie publique. Ils ne peuvent donc renoncer à l’action multiforme, économique, sociale, législative, administrative, culturelle, qui a pour but de promouvoir, organiquement et par les institutions, le bien commun ».

Sur ce thème Jean-Baptiste de Foucauld un des fondateurs de l’association « démocratie et spiritualité », avait apporté un très intéressant témoignage au cours des derniers Dialogues en Humanité à Lyon.

HCD

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