…et si nous devenions des “citoyens entreprenants” ?

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Signaux faibles recueillis en janvier 2008

Filed under: Productions et traces,Signaux faibles — Auteur : — 23 Mar 2008 —

Société Rêvée. Réseau Signaux faibles.

 

 

Le monde agricole face à son destin.

Je n'entends plus parler du milieu agricole alors que j'ai une forte attache à la fois personnelle et professionnelle à ce monde. Les institutions traditionnelles du monde agricole semblent se dissoudre et laisser place à des choses plus discrètes, moins identifiables. Un peu comme si le contrat Pisani (nourrir la France au sortir de la guerre) qui date des années 50 était bel et bien fini. Laissant ainsi le monde agricole seul face à son destin, sans PAC, sans objectif.

(Manuel).

 

Des tendances lourdes de l'époque.

J'ai eu du mal à trouver des signaux faibles. C'est un signal. J'ai l'impression que maintenant une tendance lourde est à l'œuvre (écologisation, fin de l'occident, fin de l'économie et bouillonnement d'autres choses) et que la convergence des signaux faibles est désormais forte. Je ressens un peu un vide, une vacance, une évidence si je puis dire quant aux signaux faibles. Ceci renvoie à la conversation du groupe sur la socio-perception. Y a-t-il un changement dans la manière même de vivre cette socio-perception, est-ce une question « d'équipement » ? Autant de questions à propos des signaux faibles en eux-même.

(Manuel)

 

Lycéens face au monde(Manifestations étudiantes en Algérie)

 

Depuis le 17 janvier 2008, les élèves de terminale algériens descendent dans la rue pour manifester. Le mouvement a gagné l'ensemble du pays en 10 jours. Le Ministre de l'Education qui était prêt à négocier est en train de perdre le contrôle de la situation. Mais pour quoi manifestent ces lycéens algériens ? Contre une surcharge de l'emploi du temps et du nombre de matières décrétée à quelques mois du baccalauréat 2008 !

 

Au départ cet événement peut paraître évident et presque anecdotique: des jeunes qui ne veulent pas travailler plus, se révoltent contre des mesures qui leur semblent injustes et contre les adultes, profs et ministres qui ne les comprennent pas… Et puis on est étonné par l'ampleur du phénomène : le mouvement s'étend rapidement, le rejet de la réforme inquiète les adultes et pousse le Ministre de l'Education qui prenait d'abord la chose avec philosophie à durcir sa position et à menacer au niveau national de compter comme absents (et donc scolairement punissables) les jeunes grévistes.

 

Dans certains cortèges,les slogans glissent vers un autre terrain que celui de la contestation estudiantine. Au cri de « Ya taghout ! Ya taghout ! Benbouzid satamout» (« Tyran ô tyran, Benbouzid* t'es mort ») les jeunes réclament la démission du ministre.Cette terminologie est celle du FIS (Front Islamique du Salut) et progressivement cette accusation prend par certains aspects l'allure d'une fatwa. D'un coup on se met à craindre que ces événements remettent en cause la tentative de révision de la Constitution pour que le Président Bouteflika puisse se présenter à un troisième mandat. Les débats entre journalistes et jusque sur les forums internet montrent que le sujet touche profondément l'identité du pays, ses craintes pours l'avenir et… sa place dans la Méditerranée, l'Europe et le Monde.

 

Comment une manifestation de lycéens peut-elle marquer à ce point un pays ?

 

Le fait est que cette réforme du baccalauréat, décidée par le pouvoir politique,vise l'augmentationdu nombre de bacheliers pouvant accéder à l'Université (l'objectif étant de passer de un million à un million et demi d'étudiants à l'horizon 2012). Accroître la masse des diplômés, développer la population des cadres, endiguer la fuite des cerveaux et des volontés, moderniser la Nation ; l'ambition est noble, urgente, compréhensible. Mais les étudiants la vivent comme « une réforme non concernée par l'avenir des élèves » qui les transforme en « cobayes »**.

 

Ces manifestations théâtralisent une angoisse. Certes il est urgent de se lancer dans la modernisation du pays pour pouvoir se lancer dans la mondialisation avec les armes du savoir, de l'élite internationale, d'une identité qui n'a pas à se dévoyer parce qu'elle est forte et portée par des citoyens formés. Certes il faut que les jeunes soient mieux formés pour accéder à des métiers plus enrichissants et plus stables. Certes il est essentiel que l'Algérie prenne sa place dans la mondialisation. Mais l'Algérie n'est pas seule en Méditerranée, en Europe et dans le Monde à chercher sa place. A échelle comparable, ils sont cinq, dix, vingt peut-être trente pays à avoir les qualités économiques et politiques équivalentes pour se lancer dans la course… et il n'y aurait pas dix, vingt ou trente places aussi intéressantes dans l'économie mondiale.

 

Se lancer dans cette démarche, c'est potentiellement se préparer à ne pas voir les fruits de son effort. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas évoluer. Mais cela pose la question du rythme : décréter que les études doivent brutalement se mettre à niveau des exigences de la mondialisation, c'est nier la qualité du temps qui doit permettre à une génération de s'adapter à ce que l'époque attend d'elle.

 

Ils sont jeunes les lycéens qui manifestent. Ils sont vitaux. Mais ils sont déjà angoissés. Le drame des jeunes « bacheliers » de la mondialisation des pays en développement c'est qu'ils seront de moins en moins uniquement stressés par leur futur métier et de plus en plus sensiblement angoissés par la place à laquelle ils pourront en définitive prétendre.

 

Il est temps que nous comprenions que l'évolution mondiale se fait par la progression soutenable des masses et non par le défrichage privilégié des états les plus avancés. Le progrès vaut avant tout parce qu'il est progressif et structuré. C'est de moins en moins un point de vue moral et de plus en plus une condition de notre futur à tous.

 

* Boubakeur Benbouzid est Ministre de l'Education d'Algérie

** Cf. http://info-afrique.be/modules/news/article.php?storyid=1688

(Guillaume)

 

Iran : vitalités brimées, exutoires vitaux ?

(« Iranian drunk drivers »)

 

L'Iran vit dans un clair obscur. Clair parce que le monde entier retient son souffle en scrutant les réactions des instances dirigeantes du pays. Obscur parce que l'on ne sait pas vraiment comment vivent les iraniens et comment ils changent depuis 30 ans. Une analyse à distance* des évolutions de la population civile iranienne a permis de démontrer que le pays est en train de se ménager une place dans la mondialisation et d'accéder à une forme de modernité « positive »**.

 

Diffusée sur la chaîne française Canal+ et très largement sur Internet, une courte vidéo*** de téléphone portable montre de jeunes iraniens faire les acrobates, accrochés aux portières ouvertes de leurs voitures lancées à toute vitesse sur l'autoroute. Les acrobaties sont extrêmes, notamment celle de l'un des jeunes qui se penche en arrière, le pied calé dans les poignées plafonnières, en laissant descendre sa tête à une vingtaine de centimètres du bitume.

 

Les journalistes français rapprochent ces vidéos de celles qu'ont réalisées de jeunes français au volant de leur voiture en train de rouler à 225 km/h sur des routes limitées à 110. Au-delà de la proximité des deux cocktails : téléphone portable / voiture / danger ; il est important de noter que le cas iranien diffère parce que le corps est directement mis en jeu au sens sportif et vital du terme. L'intensité de cette pratique peut rappeler un sport des populations pauvres des favelas brésiliennes apparu dans les années 80 et qui consistait à surfer sur le toit des trains de banlieue en évitant plafonds de tunnels, poteaux et câbles haute tension (passant à quelques centimètres du corps).

 

Ce phénomène est un signal faible de l'évolution de la société iranienne. Il met en évidence la capacité des jeunes iraniens à raffiner et diversifier les manières de défouler leurs énergies inemployées ou vitalités brimées par un régime autoritaire et une traditionécrasante.Sans chercher absolument à voir dans ces comportements un cri de liberté ; on peut y déceler une recherche de plus en plus forte du danger, du frisson et du plaisir physique trouvé dans des sensations extrêmes réprouvées par les autorités (en dehors des cérémonies religieuses).Ces pratiques dangereuses, à la fois profondément vitales et morbides, montrent que la jeunesse iranienne ne trouve pas d'exutoire politiquement correct à son besoin de vitalité et donc qu'elle le cherche ailleurs.

 

La jeunesse iranienne évolue entre exutoires morbides (drogues, jeux dangereux) et vitaux (études et sports), un basculement légitime et démocratique du pouvoir lui permettrait de basculer durablement dans la culture des exutoires positifs. Un durcissement ou une guerre renforcerait au contraire le versant morbide…

 

* Devenirs Iraniens, Guillaume Demuth pour le Club des Vigilants

** au sens où de manière globale et durable elle contribue à un épanouissement progressif de l'humain.

*** Titre de la vidéo : « Iranian drunk drivers » disponible selon actualisation des contenus aux adresses suivantes : http://www.liveleak.com/view?i=3fb_1199653493

http://my.break.com/content/view.aspx?ContentID=429181

(Guillaume)

 

Les jupes raccourcissent.

La mode raccourcit fortement venant de New York. Paris emboîte le pas. Les femmes montrent leurs jambes en entier. Le marché semble suivre rapidement.

Dans le passé ce fût un signe de reprise du moral, voire de reprise économique : 1945, les jupes courtes et la victoire ; 1965, la mini-jupe et les 30 Glorieuses, la robe parachute (Mme Georges Pompidou), notre balance du commerce extérieur est largement positive sur les USA… ; 2000, la robe rallonge, c’est la récession…

Quid de 2008 ?

(Irène)

 

Jérôme Kerviel.

On peut considérer cet épisode comme un accident ou comme un signe de plus de la vulnérabilité du système de capitalisme centré sur la finance et le court-terme.

Accident : du à une faiblesse coupable des contrôles actés par la Société Générale.

Un signal : l'extrême complexité systémique du trading reposant sur l'exploitation instantanée de très faibles différences de cours se prête à des accidents échappant aux capacités de pilotage et appelle des joueurs qui découvrent comment tromper les contrôles et sécurités. Le maintien d'un tel système vulnérabilise l'économie mondiale.

(Irène)

 

Un écologiste militant idéologue devient coopérant, proactif et constructif.

J'ai rencontré sur une piste de ski le responsable de l'association « Protection de la Vallée du Mont-Blanc » à Chamonix. Il militait avec virulence contre l'afflux des camions sur la voie du tunnel du Mont-Blanc et la pollution atmosphérique ou sonore de la vallée qui en découlait. Il organisait des manifestations devant l'entrée du tunnel et le blocage de camions pouvaient durer plusieurs heures.

Aujourd'hui, depuis le « Grenelle de l'environnement », l'association se sent reconnue, partie prenante dans une réflexion globale ; elle passe de ce fait d'une position de « blocage des routes » à une position de concertation sur le fond, rechercher ensemble des solutions. Le président de l'association se sent reconnu au Ministère de l'Environnement (Cabinet Borloo). Il passe d'une posture idéologique et combative à une posture partenariale et managériale qui le ravit. L'atmosphère (c‘est le cas de le dire) en est totalement changée et dans un sens positif.

(Irène)

 

 

Dégringolade de Sarkozy dans les sondages.

J'ai cru comprendre que la baisse est d'une ampleur et d'une rapidité inhabituelles. D'après TNS-Sofrès, plus de 60% des Français lui faisaient confiance de juin à semptembre. Baisse en octobre et novembre pour atteindre un pallier aux environs de 50% en décembre et janvier. Puis nouvelle baisse en février aux environs de 40%.

Ceci pourrait être un signe de plus qui confirmerait le fait que nous sommes bien avancés dans le passage d'une démocratie d'opinions à une démocratie d'impressions. Dans une démocratie d'opinions il y a des camps assez clairs qui ont tendance à être stabilisés (ou dont les fluctuations sont ralenties) par des fidélités historiques, des idéologies explicites et des appareils en place. Dans une démocratie d'impressions, chaque personne autonome, empathique et intraceptive a tendance (en conversation avec ses réseaux) à analyser les situations comme elles viennent et à se trouver sa position (provisoirfe).

Faute de terrain qualitatif, je suis réduit à des conjectures.

Le décrochage ne semble pas fondamentalement politique. Les scores du Premier Ministre sont bons et se dégradent peu.

Pas mal de gens sont en rogne parce qu'ils manquent de pouvoir d'achat. Le magicien ne tient pas ses promesses (et n'assume pas vraiment la dureté des temps).

L'image de la personnalité du Président se détériore ; il gère de façon enfantine, sans recul, ses histoires sentimentales ; risque-t-il d'en faire autant en politique ?

Le style de vie people du Président, sa fascination enfantine par les riches et les vedettes, finissent par exaspérer certains.

Son style de vie « immoral » en exaspère d'autres.

Le style « société de cour » de plus en plus visible peut faire des dégâts.

A discuter dans notre groupe de travail.

(Alain)

 

Appel laique.org.

Une pétition laïque circule. Elle a réuni 37000 signatures au 11 février. Elle reproche au Président d'avoir tenu des propos officiels qui porteraient atteinte à la laïcité républicaine. Patrick Jarreau, dans Le Monde du 9/2/08 souligne les deux phrases qui lui semblent faire problème. A Rome : « dans la transmission des valeurs et dans l'apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l'instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé ». A Riyad, il a parlé de « Dieu transcendant qui est dans la pensée et dans le cœur de chaque homme ».

Cette querelle pourrait paraître franco-française et provinciale. Il me semble qu'elle ne l'est pas. Mais qu'elle est le signe d'un hésitation profonde de l'Histoire.

A notre époque, la question religieuse risque à nouveau d'empoisonner le monde et de favoriser des scénarios géopolitiques catastrophiques. Le retour de l'émotion (polysensualisme) et du besoin de sens favorisent dans le monde entier une résurgence des spiritualités émotionnelles. Cette résurgence s'incarne de façons très diverses : du bricolage très personnel d'une spiritualité syncrétique qui n'est ni conflictuelle ni missionnaire à des fondamentalismes monothéistes combattants. La seconde incarnation est extrêmement dangereuse.

L'histoire de l'Europe, sa christianisation, ses guerres de religion, sa déchristianisation, son ouverture à la rationalité et à toutes les spiritualités, son invention de la laïcité, son penchant actuel pour les spiritualités personnelles ou/et compassionnelles, la préparent à exercer une influence pacificatrice sur le monde.

(Alain)

 

 

Augmentation des divorces en Chine.

+ 18% de 2006 à 2007. 341.000 divorces en 1980 contre 1.400.000 en 2007, presque 5 fois plus.

Un article du Monde (2/2/08) dit que les sociologues attribuent cela au fait que « de moins en moins de femmes, en milieu urbain, acceptent d'être trompées par leur mari », que « les couples sont moins enclins qu'autrefois au compromis…. en dépit d'une société stigmatisant encore les divorcés ».Il ajoute que divorcer devient administrativement de plus en plus facile (signe que l'évolution de la bureaucratie confirme l'accroissement des libertés personnelles dans les domaines non politiques).

La progression rapide des divorces peut manifester plusieurs courants déjà évoqués pour la Chine : prise d'importance du lien émotionnel par rapport au lien social, progression de l'autonomie de la femme qui se libère de la domination du mari,

(Alain)

 

Barack Obama, une vague d'intelligence collective.

Une « vague, un élan d'enthousiasme collectif sans précédent récent » semble porter la candidature d'Obama et, d'après Le Monde, stupéfie les Américains. (5/2/08). Maria Schriver, la niéce de Kennedy et l'épouse de Schwartzenager dit : « Si Obama était un Etat, il serait la Californie. Réfléchissez : multiple, ouvert, intelligent, anticonformiste, indépendant, innovant, stimulant, rêveur, leader. » Selon un sondage publié par le San Francisco Chronicle, la division est profonde au sein du parti démocrate « riches contre pauvres, jeunes contre vieux, progressistes contre modérés, … ».

Triple signal : 1) Prise d'importance de l'intelligence collective débordant l'appareil burfeaucratique , 2) Fort besoin de rupture et de renouveau d'une partie du corps social et 3) Rêve d'un changement, d'une rupture mais à condition qu'ils soient « pilotés » par un leader, homme charismatique et aussi manager.

(Irène, Alain)

 

Relève des générations ?

Barak Obama a 43 ans et, en annonçant sa candidature, a mis l'accent sur la relève des générations. Au Royaume Uni, plusieurs des ministres les plus influents ont 40 ans et le leader du parti conservateur à 41 ans. Rachida Dati a 42 ans. D'après Newsweek il en va de même au Danemark et en Suède. En Russie, Dimitri Medvedev aura 42 ans lorsqu'il succédra à Putin. D'après Newsweek cette génération de politiciens est profondément différente de celle des babyboomers. Ils ont des perspectives plus globales. Ils sont plus à l'aise avec les technologies, plus idéalistes et moins idéologues et moins investis dans les vieux débats. Obama et Dati sont des enfants d'immigrants, implantés dans deux cultures.

Newsweek leur prête d'autres traits communs. Scepticisme vs. la capacité de l'Ouest d'imposer la démocratie, notamment par la force. De droite ou de gauche ils sont beaucoup plus concernés que leurs aînés par le changement climatique. Ils regardent l'immigration avec un œil neuf. Ouverture à la globalisation mais attention consacrée à ceux qu'elle déstabilise. Attachement au filet de sécurité supporté pat l'Etat associé à la volonté de réformer une bureaucratie trop lourde. Capacité à trouver des ponts entre la droite et la gauche.

Ils sont sans doute plus socio-perceptifs que leurs aînés et leur arrivée en position de leaders et d'innovateurs nous annoncent des changements profonds.

(Alain)

 

 

 

 

Mourir pour son ethnie ou son (petit) territoire.

Fared Zakaria note qu'au Pakistan, les clivages les plus profonds n'opposent pas les extrémistes religieux aux libéraux ni les partisans de la dictature et ceux de la démocratie, mais les régions les une aux autres.

Les élections au Kenya comme en Irak ont débouché sur des heurts sanglants a base ethnique ou communautariste.

Il est de plus en plus manifeste que de puissants courants réorganisent les dominantes socio-géographiques. L'émancipation individuelle. Globalisation. Perte d'influence des idéologies. Perte de présence de la nation. Présence des ethnies et des petits territoires et des communautés vivantes, et des réseaux de proximité, et des réseaux sociaux.

 

La gouvernance thérapeutique est prise en défaut. Le Monde du 8/1/08 rapporte que dans les cités britanniques les bandes d'adolescents s'entre-tuent pour des territoires. Cette forme de violence s'accroît. Elle a fait 27 morts en 2007 à Londres, la plupart tués à l'arme blanche. La police et le gouvernement sont désemparés. Les associations tentent d'agir : « Knives Destroy Lives Campaign » « Mothers Against Guns ». On parle de “postcode lottery” pour évoquer des bagarres entre codes postaux. Le territoire transcende la race ou la religion. La plupart des incidents surviennent lors des manifestations sportives ou de concerts, devant des boites de nuit, pendant des soirées privées ou aux arrêts de bus.

Mesure envisagée : 5 ans de prison pour tout porteur d'une arme blanche.

Quelles interventions publiques et/ou civiques pour apaiser la situation ?

(Alain)

 

Politique de civilisation.

Dans ses voeux aux Français, le 31 décembre, NS a évoqué une « politique de civilisation ». « Avec 2008, une deuxième étape s'ouvre : celle d'une politique qui touche davantage encore à l'essentiel, à notre façon d'être dans la société et dans le monde, à notre culture, à notre identité, à nos valeurs, à notre rapport aux autres, c'est-à-dire au fond à tout ce qui fait une civilisation. Depuis trop longtemps, la politique se réduit à la gestion, restant à l'écart des causes réelles de nos maux, qui sont souvent plus profondes. J'ai la conviction que dans l'époque où nous sommes, nous avons besoin de ce que j'appelle une politique de civilisation (…) Notre vieux monde a besoin d'une nouvelle Renaissance. Eh bien, que la France soit l'âme de cette Renaissance ! (…) »

 

En 2002, Edgar Morin a écrit avec Sami Naïr un livre Pour une politique de civilisation. (Arlea).

 

Ces termes font couler beaucoup d'encre et de salive. Certains soulignent leur caractère « nébuleux » et le « manque d'inspiration inhabituel » du Président (édito du Monde). D'autres ont l'impression d'avoir entendu quelque chose d'important. Après 6 semaines, l'idée reste dans l'air. On entend aussi des allusions à des notions voisines : politique d'harmonie planétaire, politiques d'accomplissement des potentiels de l'espèce humaine.

 

Il y a peut-être là une idée ( en phase avec le rêve d'une société plus humaniste, moins conflictuelle et prédatrice) dont pourrait s'emparer l'intelligence collective.

 

Dans les conversations, je propulse trois thèmes qui sont plutôt bien reçus (en France, dans les milieux que je fréquente) :

° Aujourd'hui, du fait de la globalisation, de la menace écologique et de la dangerosité géopolitique du monde, un Etat nation avisé devrait centrer son action sur une politique de civilisation plutôt que de puissance ou de territoire.

° Ce ne sont pas seulement les gouvernements qui peuvent avoir une politique de civilisation.

° On ne peut pas construire la civilisation qu'on veut. Un processus de civilisation est en cours qui a des lignes de force, des potentiels, des latences. Il peut déboucher sur des scénarios plus ou moins catastrophiques ou plus ou moins heureux. L'intelligence collective pressent certaines menaces et opportunités. Les sciences sociales commencent à éclairer certains points de bascule sur lesquels il est possible d'agir. C'est cela qu'il faut travailler.

(Alain) (voir mon article sur le sujet)

 

La fracture numérique se réduit rapidement entre le Nord et le Sud.

En 1996, les économies développées assuraient les 2/3 des exportations de produits et services du secteur des TIC et les pays en développement le tiers restant. Dix ans plus tard, les proportions se sont presque inversées : pays développés, 47%, pays en développement, 53% (Rapport 2007/2008 sur l'économie de l'information de la Cnuced). La Chine et l'Inde sont les principaux acteurs de ce basculement.

L'évolution est analogue concernant l'utilisation des téléphones portables et d'internet par les populations de ces pays.

Emblématique du rééquilibrage du monde en cours.

(Alain).

 

 

Vede me cum signaux faibles.

Guillaume nous propose un texte qui nous fait progresser.

 

Les signaux faibles révèlent l'évolution progressive de la réalité ; en ce sens, ils sont précurseurs du changement. Leur saisie sert à identifier l'orientation que prend une évolution afin d'expliquer, s'adapter ou anticiper le monde tel qu'il devient.

Le signal faible n'a pas de forme définie : il peut s'agir d'un fait particulier, d'un événement collectif, d'une pratique discrète, d'un geste qui se propage, d'un schéma mental partagé par quelques centaines d'individus, d'un raisonnement prononcé en un endroit de la planète, etc.

Il n'est pas nécessaire d'avoir une démarche scientifique pour déceler un signal faible dans les mouvements du quotidien. Mais cela le devient lorsqu'il s'agit d'interpréter le signal faible et de le rattacher à une tendance précise d'évolution.

Afin de favoriser le développement de la collecte, de l'étude et de l'utilisation des signaux faibles, nous avons souhaité rédiger ce petit vade me cum.

 

1. Définition méthodique

Le signal faible est un fait observable qui est susceptible de faire réseau avec d'autres faits parce qu'il est orienté de la même manière, c'est-à-dire qu'il peut être réuni sur une même tendance d'évolution, elle-même caractérisée par le fait qu'elle a un mouvement clair au pouvoir explicatif.

Le signal faible :

a. Signale une évolution de la réalité (sociologique, économique, scientifique, etc.)

b. Est dit « faible » parce qu'il ne suffit pas à lui seul à expliquer le changement, mais qu'il peut facilement être rapproché d'autres signaux faibles et par là être capable de participer d'un réseau de sens, c'est-à-dire de contribuer à orienter la compréhension d'un phénomène ou d'une tendance

c. Ne peut être rapproché de signaux forts qu'une fois qu'il a été réuni au sein d'une tendance (réseau de signaux faibles orientés)

d. Par opposition au signal fort (changement évident de la réalité), il est ne prend sens qu'après avoir été isolé, interprété, regroupé et analysé

 

2. Méthode de saisie

Pour qu'un signal faible soit exploitable il faut que son collecteur puisse le décrire, l'expliquer et en donner le contexte de saisie. Saisir un signal faible consiste donc à le percevoir en tant que tel, c'est-à-dire non pas comme sortant nécessairement de l'ordinaire, mais plutôt comme ayant un caractère soit explicatif, soit indicatif, soit renseignant (et non uniquement illustratif, dans ce cas, il s'agit d'un fait exemplaire ce que le signal faible n'est pas forcément).

Le collecteur de signal faible n'est pas nécessairement un sociologue, il suffit qu'il soit socio-perceptif, c'est-à-dire à l'écoute, en permanence vigilant à ce qui évolue, détonne, apparaît ou disparaît dans le réel qui l'entoure.

Empiriquement, nous avons identifié quatre quasi-méthodes de saisie des signaux faibles. Nous les avons nommées par des métaphores qui décrivent la démarche intellectuelle du collecteur :

a. Saisie « étrangement » : le collecteur perçoit un fait qui lui paraît étrange et suscite en lui de l'étonnement, cela étant souvent dû à son décalage par rapport aux individus ou à l'univers mental ou culturel qu'il observe. Ce type de saisie est le plus souvent opéré lors d'un voyage (Par exemple : un homme d'affaire américain qui découvre que les hommes d'affaire français qui viennent de signer un contrat pensent en même temps au déjeuner qui va suivre pour fêter l'affaire conclue et identifie par là-même la tendance des français à être polychrones, c'est-à-dire à vivre plusieurs temporalités en même temps).

b. Saisie « expert » : le collecteur est spécialiste du sujet qu'il observe et est sensible à un changement qui peut paraître anecdotique pour le profane ou qui est encore discret pour les experts du sujet eux-mêmes, mais dont il pressent qu'il sera déterminant dans l'avenir. Ce type de saisie est souvent opéré en marge des recherches ou actions habituelles de l'expert, sur une question sans réponse. (Par exemple : un sociologue se rend compte lors d'une discussion avec des amis que le concept de moindre différenciation des sexes est devenu non seulement accessible à tous le monde, mais encore adopté comme une pratique sociale à travers l'habillement).

c. Saisie « Le Verrier » (du nom de l'astrologue français qui découvrit la planète Pluton par déduction mathématiques) : le collecteur n'a pas observé de fait qui corrobore son intuition mais peu décrire avec suffisamment de précision les caractéristiques de ce fait pour considérer que la preuve de son existence ou le contraire seraient un bon indicateur d'évolution et qu'elle peut être émise comme une hypothèse « pour voir ». (Par exemple : avant de voyager dans un pays en voie de développement, un observateur imagine que si il peut voir des autochtones parler sur un téléphone mobile, tout en mangeant et par exemple en se déplaçant en deux roues, ce pourrait être un signe d'intégration des technologies comparable aux pratiques occidentales et si ce même autochtone s'adressait à une relation professionnelle, il pourrait être rapproché des attitudes polychrones des français).

d. Saisie « Histoire en temps réel » : le collecteur observe un fait qui lui était jusqu'alors tout à fait inconnu ou dont il n'avait pas alors réalisé jusque-là le caractère de nouveauté. Ce type de saisie est généralement opéré lorsque le collecteur est amené pour une raison pour une autre à adopter une posture de distanciation brutale avec son quotidien.(Par exemple : en train d'envoyer un mail à une relation professionnelle, le collecteur s'aperçoit qu'il n'emploie pas les mêmes formules de politesses, que celles-ci sont précisément plus affectives que celles qu'il utilisait sur « papier », qu'il utilise plus facilement des abréviations et le contacte plus régulièrement sans la même crainte d'abuser ou de gêner et découvre ainsi les lois de la « connectivité »

 

Commentaire Alain.

 

Les signaux faibles, précurseurs du changement ? Oui. Mais ils sont aussi des manifestations du changement, des confirmations ou des contradictions de changements préperçus.

 

Nous serons sans doute conduits à nommer d'autres quasi méthodes. Par exemple :

  • saisie confirmation ou contradiction d'un changement,

  • saisie approfondissement de la compréhension d'un changement.

 

 

Eclairage complémentaire sur les socio-perceptifs.

Nous avons esquissé le projet de construire un test de socio-perception ou un système de détection des socio-perceptifs. Béatrice, Vera, Irène et Alain ont exprimé leur intérêt.

 

Trois constatations :

  • dans sa phase actuelle notre société a besoin de socio-perceptifs pour contribuer à surmonter ses blocages, susciter des prises de vie, produire des scénarios réellement anticipateurs,

  • du fait des enchaînements en cours depuis 50 ans, de la reléve des générations, de la montée des femmes, les socio-perceptifs se multiplient et atteignent plus facilement des positions d'influence,

  • il importe que les organisations puissent repèrer les socio-perceptifs afin de les placer en positions stratégique.


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