Une lettre de rentrée tardive mais dense ! Hervé Chaygneaud-Dupuy s’explique sur son retrait du rôle de délégué général des Ateliers. Il propose également un regard sur la crise qu’il trouve trop facile d’attribuer seulement à des banquiers cupides. Guy Emerard et Dominique Fauconnier proposent deux textes qui ont en commun de s’interroger sur notre manière de penser. On sait qu’il est difficile de descendre de vélo pour se regarder pédaler, c’est encore moins évident de se regarder penser… mais c’est particulièrement instructif… alors descendons de notre « vélo à penser » quelques instants ! Bonne lecture.
L’aventure continue, autrement
Je ne suis plus délégué général des Ateliers ; j’en suis toujours responsable éditorial. Voilà un résumé sommaire de ma situation.
Quelques explications pour ceux qui le souhaitent et comme l’annonçait le courrier que vous avez reçu de Jean-Pierre Reinmann. Après bientôt sept ans d’engagement constant dans l’animation des Ateliers, je suis amené à rééquilibrer investissement professionnel et engagement sociétal. Depuis un an déjà, en reprenant une activité salariée à mi-temps, j’avais réduit la part consacré aux Ateliers mais en gardant un rôle d’entraînement pour la phase de refondation qui s’ouvrait. Avec l’été je me suis aperçu que les missions acceptées en plus de mon mi-temps ne me permettaient plus d’assumer le rôle de délégué général. J’allais devenir un facteur d’inertie et, plus grave, mon maintien risquait de laisser penser que les choses continuaient comme avant. La rupture devenait donc la seule solution pour que la réorganisation en cours aboutisse.
Les instances de l’association ont pris acte de mon retrait. Le président vous a exposé ce que nous avons décidé pour trouver rapidement un nouveau délégué général. Nous avons déjà reçu quatre candidatures spontanées de personnes prêtes à s’investir parce que l’aventure leur paraît jouable. J’avoue que je ne m’y attendais pas et que ça me réjouit profondément : j’ai toujours pensé que les Ateliers n’auraient prouvé leur pertinence que le jour où je n’en serais plus l’animateur.
Pour ma part j’ai accepté de continuer à assumer la fonction de responsable éditorial. J’ai toujours eu beaucoup de plaisir à faire cette lettre d’info … je vais m’y réinvestir plus fortement que ces derniers mois. Quant au site, nous avons préparé au printemps une refonte complète et je souhaite pouvoir la mettre en ligne en octobre, avec l’aide de Michel Scriban et de Philippe Hamant.
Voilà les faits. Permettez-moi un mot un peu plus personnel, sans tomber dans le pathos (j’espère !).
Quand j’ai pris cette décision fin août, j’ai d’abord ressenti un grand vide. J’ai beaucoup investi dans les Ateliers, c’est vraiment devenu une part essentielle de ma vie (trop même au goût de ma famille). Renoncer à les animer n’était pas évident. Le matin même du CA où je l’ai annoncé, je ne pensais pas en arriver là. Sur le moment j’ai cru réellement qu’une page était tournée. Et maintenant j’ai l’impression que les choses se recomposent, que je peux continuer personnellement à développer une réflexion sur les transformations démocratiques, la mettre au service des Ateliers en devenant un peu leur porte-voix dans les différents cercles où je peux être entendu. Je vois que je peux me re-concentrer sur ce qui m’est le plus naturel : le rôle de passeur entre des univers différents (passeur d’idées, d’expériences et de contacts). Reste à choisir l’entrepreneur civique qui reprendra le flambeau pour tirer parti du capital que nous n’avons pas toujours bien su mettre en valeur. Ce sera fait dans les semaines qui suivent. L’aventure continue !
Nous ferons certainement une grande rencontre avant la fin de l’année pour renouer avec les échanges des « plénières » qui manquent à beaucoup (et à moi aussi !).
HCD
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La crise et nous
Malgré l’emballement médiatique et politique, malgré les faillites, les personnes directement affectées par la perte de leur emploi ou de leur logement, la crise financière conserve encore un côté un peu irréel. Les sommes en jeu difficilement concevables, la possibilité pour des Etats que l’on dit déjà surendettés (France ou Etats-Unis) de mobiliser ces sommes alors qu’ils ne peuvent rien faire pour les plus démunis d’entre nous, sont les raisons les plus immédiates de notre incompréhension. Plus fondamentalement, je crois, notre malaise vient de ce que nos certitudes sont ébranlées extrêmement profondément. Notre monde fait tout pour donner l’apparence de la solidité, de l’évidence incontestable… et l’on découvre qu’il est construit sur ce qui est le plus vulnérable qui soit : la confiance, ou plutôt la foi aveugle que tout continuera toujours comme avant. Hier le système apparaissait d’une solidité à toute épreuve, aujourd’hui d’une extrême fragilité. C’est un peu comme après mes premiers cours de physique : j’apprenais que la table de classe sur laquelle je posais mes coudes depuis des années et qui me semblait la veille encore si compacte, cette table était en fait composée essentiellement … de vide, les atomes qui la constituait n’étant eux-mêmes que très peu de matière et beaucoup de vide. Du vide, de l’énergie et de la vitesse, n’est-ce pas là ce qui caractérise l’économie financière ? Seul le mouvement fait tenir le système, le problème me semble-t-il tient au fait qu’à l’inverse du système physique (pardon aux plus scientifiques d’entre vous de mes comparaisons peut-être hasardeuses), le système financier ne fonctionne pas à vitesse constante mais à vitesse croissante. Toujours plus vite, toujours plus mondial, toujours plus profitable ! Le moteur du système n’est pas la circulation mais l’accumulation. L’insatiabilité a emballé le système.
Pourquoi tous les freins imaginés aujourd’hui (régulation, retour de l’Etat garant,…) ne paraissent plus du tout à la hauteur de l’enjeu ? Pourquoi a-t-on le sentiment que toutes les digues édifiées à coûts de centaines de milliards virtuels ne résisteront pas ? Pourquoi regardons-nous déjà avec un scepticisme résigné l’agitation de nos dirigeants face à une crise qu’ils nous présentent comme une « catastrophe maîtrisable » se dépêtrant mal de la contradiction fondamentale de cet oxymore ?
Sans doute parce que nous savons que la cupidité dénoncée chez les puissants avec une rage légitime, nous n’en sommes pas non plus exempts, à notre mesure. Chacun d’entre nous. N’avons-nous pas tous pris conscience que notre monde allait dans le mur par notre mode de consommation (toujours plus de biens et de services, toujours moins chers) ? Si je vais au bout de ce que je subodore, j’en arrive à penser que nous sommes collectivement tout autant affolés et soulagés que la purge vienne. L’indigestion est là. Nous ne croyons plus aux vertus du monde que nous avons construit. Notre crise de foie est une crise de foi.
Nous n’échapperons pas à la question tellement simple qu’elle n’est plus discutée collectivement : dans quel monde voulons-nous vivre ?
Hervé Chaygneaud-Dupuy
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Comment penser ?
On se pose trop souvent la question « QUE faut-il penser ? » et pas suffisamment « COMMENT pensons-nous ? ». Voici deux textes qui peuvent nous aider à mieux saisir nos outils pour penser. Dominique Fauconnier, sur les pas de François Jullien, nous invite à explorer la voie chinoise en y retrouvant bien des points communs avec celle des hommes de métiers : c’est celle qui part de la confrontation à la matière sans chercher l’universalisation de l’abstraction. Guy Emerard nous fait découvrir, proposée par le philosophe Jacques Dewitte, une autre manière de se décentrer de notre universalisme… pour mieux y revenir.
Il est intéressant de noter que François Jullien dans son dernier livre « De l’universel, de l’uniforme, du commun et du dialogue entre les cultures » poursuit sa recherche exigeante pour faire de la culture de l’autre une ressource pour mieux explorer le monde. Chemin faisant, il conserve de l’universel, non le côté prescriptif des Droits de l’Homme mais le côté universellement questionnant de leur privation. Mais il est vrai que ce questionnement nouveau sur l’universel reste largement le fait d’occidentaux ! L’important dans cette phase de mondialisation est de trouver une intelligibilité à la culture de l’autre même lorsqu’elle est fondamentalement différente. François Jullien nous rappelle ainsi que les Chinois n’ont pas conceptualisé des notions pour nous aussi évidentes que le Temps, la Vérité, l’Etre… Pour dire « chose », rappelle-t-il, le chinois dit « est-ouest » évoquant ainsi non un état stable mais une communication continue entre facteurs. Cet écart entre nos façons de penser doit nourrir notre manière d’appréhender le monde. Un livre sans doute un peu aride mais qui permet de partir à la rencontre de l’humain plutôt qu’à spéculer indéfiniment sur l’Homme.
A propos des œuvres de François Jullien
Il y a une quinzaine d’années, mon attention avait été attirée par un article de Roger-Pol Droit dont je ne me souviens plus de l’accroche, mais du propos. J’ai dû faire des dizaines et des dizaines de photocopies de cet article pour le donner à des étudiants, des amis, des personnes rencontrées au hasard de la vie professionnelle. Cet article m’a introduit à la pensée de François Jullien grâce au très beau titre de l’ouvrage dont il était question ici : « La propension des choses ». Cela nous changeait des lourds concepts de la philosophie intellectuelle. La propension des choses . . . Cela me rappelait les « merveilleux nuages » de Baudelaire qu’avait si bien mis en musique Léo Ferré. L’esprit est attiré au loin, le corps se pose et laisse venir à lui le sens qui se dégage de ces mots simples. Il y a du mouvement dans le réel, des puissances, des énergies qui se déploient et dont on perçoit les effets. L’âge, la violence, le calme, la mer qui monte puis se retire.
Ce qui m’avait intrigué, dans cet article, c’est que François Jullien associait cette notion à celle de l’efficacité. Il précisait même que cette dernière se tenait discrètement et tout entière dans le petit mot chinois : « che ». Mot qui montre à quel point le souci d’économie et d’élégance prime. Celui qui gagne semble ne faire aucun effort, car c’est l’énergie qu’il trouve autour de lui qu’il utilise à son profit. Cela me changeait du volontarisme habituel dans lequel nous baignons aussi bien dans le monde des entreprises que dans celui du politique.
François Jullien est un philosophe, ce n’est pas ma formation initiale. J’arrivai à lire certains passages de son livre, mais d’autres m’échappaient. J’ai cependant eu la chance de l’entendre plusieurs fois. J’ai toujours trouvé qu’il était beaucoup plus clair à l’oral. Le plus court chemin pour connaître l’essentiel de sa pensée se trouve d’ailleurs dans un petit livre retranscrivant ses conférences : « Conférence sur l’efficacité », chez Puf, (collection Libelles, 10€). Je l’ai encore réécouté récemment, le fond est toujours le même, mais sa pensée s’affine sans cesse, comme un peintre qui acquiert progressivement de l’aisance pour peindre des motifs connus. Son motif à lui est la philosophie occidentale. C’est notre façon de penser qui le préoccupe. Il dit que nos concepts sont « gourds » comme si notre pensée était engourdie. La fameuse séparation théorie/pratique par exemple, si puissante en ce qu’elle nous permet de modéliser le monde afin d’agir n’est plus opérante lorsque ce dernier évolue plus vite que nos mises en œuvre. Et le fait d’avoir tendance à confondre nos modèles avec le réel nous rend peu à peu aveugle à ce dernier : nous regardons peu, nous faisons rarement l’effort de percevoir, nous avons perdu le sens de l’écoute et celle du voir. Je me souviens de Jean-François à qui je demandais pourquoi il acceptait que l’on dise de lui qu’il était un manuel, et qui me répondit : « Mais non, pas seulement ! L’œil, l’oreille c’est extrêmement important pour travailler ! » François Jullien a trouvé dans la pensée chinoise des notions comme celle de « potentiel de situation ». C’est par une analyse rigoureuse de ces potentialités que le chinois agit. Il y a un travail méthodique non de conception, mais d’observation. Je crois que c’est dans « Un sage est sans idée » (Le Seuil, 1998) que François Jullien expose de la façon la plus claire cette différence entre ces deux modes de pensée.
Si je m’intéresse à François Jullien c’est que j’ai une autre idée en tête (je ne suis pas un sage !). Je me demande depuis longtemps si ce que l’on appelle pensée chinoise, et qui est bien la façon chinoise de penser, n’est pas la même – strictement la même ! – que la nôtre lorsqu’elle émane d’artisans, d’artistes, de paysans. C’est à dire de personnes qui se confrontent à la matière. Un jour François Jullien a associé Chine et paysannerie avec les images des plantes qui poussent non pas si on tire dessus, mais si on travaille la terre autour. Le paysan travaille sur les conditions nécessaires à la nature pour qu’elle nous donne ce que nous attendons d’elle. Si l’on considère que la Chine a bâtit une façon de penser à partir de la pratique paysanne puis artisane alors que l’Europe s’est construite par des accords entre peuples qui négociaient entre eux, on peut imaginer deux façons d’appréhender la pensée, l’une accompagne le mouvement du monde et en tire parti, l’autre explicite ce sur quoi on s’entend et s’y accorde.
François Jullien m’aide ainsi à mieux entendre ce que disent les gens de métiers, qui, lorsqu’ils s’expriment spontanément disent des choses passionnantes, mais dès qu’ils commencent à vouloir s’expliquer deviennent ennuyeux car, malgré eux probablement, ils singent nos universitaires, Ces deux pensées ne sont pas compatibles. L’une, celle issue de nos amis grecs, fixe des images du monde pour le penser (la mathématique fixe des axiomes à partir desquels elle construit ensuite des théorèmes, le point de départ est bien immobile), l’autre est en mouvement perpétuel et passe son temps à stimuler notre capacité à percevoir ce qu’il se passe.
J’associe également l’une de ces pensées à l’oralité, l’autre à l’écriture. On pourrait évoquer également les rôles différents tenus par les consonnes et les voyelles dans certaines langues. Notre culture, celle que nous nous reconnaissons est écrite, mais par l’observation de ce qu’il se passe lorsque nous abordons ce que nous faisons, et que nous cherchons à dire comment nous nous y prenons, j’ai découvert que sous cette couche culturelle se développait – toujours ! – une seconde culture, de nature orale. De la même façon, l’intelligence de l’autre n’est pas d’origine écrite, mais orale. Elle ne repose pas sur des concepts mais sur une attention aux sensations.
Ayant eu la chance de rencontrer François Jullien il y a quelques semaines, j’ai pu mesurer à quel point convergent la pensée chinoise et celle que je découvre à la source de ceux qui œuvrent directement sur leur « matière », cette part du monde qui les appelle et contre quoi ils se construisent leur vie durant. Il y a là une extraordinaire cohérence qui m’étonne toujours. Le constat est le même, c’est notre façon de « réfléchir » le monde qui pêche aujourd’hui, elle est bien trop lourde.
Alors j’en reviens à la « propension des choses » : ce que nous vivons aujourd’hui nous oblige à penser différemment ce que nous sommes et ce que nous faisons. Le travail de François Jullien m’aide à découvrir qui nous sommes et qui je suis car la pensée chinoise n’est pas un exotisme, mais un miroir fidèle d’une part oubliée de nous même.
Marcel Jousse, dont nous avions évoqué un moment la pensée, rappelait dans ses textes que les histoires de la Bible étaient à l’origine dites en marchant. Que ces phrases étaient portées par le balancement infini de la marche, un coup à droite, un coup à gauche, une fois de la lumière et une autre de la ténèbre, ce qui est et ce qui n’est pas, ce que nos comprenons et ce que nous ne comprenons pas. Ainsi allons-nous, cahotant d’une certitude à l’autre, d’une conviction à l’autre, d’un doute à l’autre. J’aime bien cette image d’un équilibre entre deux modes de pensée qui ne sont conciliables que dans le mouvement de la marche. Dans ce va-et-vient permanent entre ma tête qui réfléchit, photographie, qui ex-plique, et mon corps par lequel le monde se prolonge en moi, m’absorbe et m’y dilue, je vois les années passer et ce que nous avons à découvrir et comprendre s’étendre à l’infini.
Dominique Fauconnier
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Etre européen ?
Selon Jacques Dewitte, philosophe belge vivant à Berlin (je le précise pour éviter qu’on ne le croit français et donc arrogant), être européen c’est, savoir « se regarder par les yeux des autres ». S’apercevoir alors que nous sommes capables des pires atrocités. Comme l’évêque Las Casas qui osa prendre la défense des Indiens et dénoncer les agissements de ses compatriotes au nom même des principes chrétiens dont ils se réclamaient. Etre capable d’une décentration qui amène à considérer que toutes les cultures se valent. Ne jugeons pas si nous ne voulons pas être jugés. Mais au nom de ce principe, faut-il aller jusqu’à accepter que l’inadmissible pour nous, soit acceptable pour d’autres ? Comme la criminalisation de l’apostasie par exemple. Penser ainsi n’ équivaut-il pas au mépris : sous-entendu : « ce qui est bon pour d’autres ne l’est pas pour nous ». Ce qui infirmerait le principe d’égalité. « L’exception européenne » (c’est le titre de l’essai de J. Dewitte) tient donc en ceci : toutes les cultures se vaudraient si elles savaient se regarder avec les yeux des autres. Mais, provisoirement, la culture européenne est la seule à le faire systématiquement.
Etre européen c’est donc porter en soi l’esprit critique, la remise en question constante de ses propres actions et principes. Une façon d’être et de penser sans allégeance idéologique ou religieuse, de façon véritablement laïque. Vive donc la séparation des Eglises (mais en fait de L’Eglise catholique) et de l’Etat. Mais attention : est-ce que l’esprit critique ne découlerait pas du sentiment de la faute dont le fondement est intrinsèquement judéo-chrétien ?
Peut-être mais vivre perpétuellement sur le mode de la culpabilité, toujours remettre en question ses propres institutions peut se transformer en haine de soi, en « masochisme moralisateur.» Ainsi du musée des Arts premiers par exemple. Une appellation ambiguë, signe du sentiment de culpabilité. Et tout en approuvant sa réalisation, J. Dewitte regrette que ses promoteurs se soient interdits toute référence positive à l’esprit européen qui l’a inspirée.
Etre européen, ce serait donc : « être tolérant avec fermeté, aimer et pratiquer la justice sans jamais transiger avec les ennemis de la liberté. C’est être passionnément intéressé par les autres cultures sans perdre de vue la spécificité de la sienne et le rôle déterminant qui fut le sien dans la découverte de l’universalité. C’est pratiquer la lucidité et l’esprit critique sans aller jusqu’à saper les conditions qui les rendent possibles, à savoir la confiance dans sa propre raison, dans sa capacité à penser et à parler. C’est refuser de céder à un relativisme intégral qui reviendrait à paralyser la faculté même de juger. Etre européen, c’est avouer ses torts et ses crimes passés et s’interroger sans cesse sur leurs causes sans se renier ni s’aveugler sur les barbaries apparues ailleurs. »
Avec l’explosion démographique mondiale et la montée en puissance des nouvelles économies, notre continent se rapetisse. Mais on quitte ce livre avec plus d’attachement pour cette Europe, avec le sentiment qu’elle reste pour l’humanité, la meilleure référence sociale, culturelle, civique… Avec, en plus, une clé, évidemment éducative, pour expliquer, développer, transmettre… cette heureuse spécificité : « apprendre (tout au long de la vie) à se regarder avec les yeux des autres. » Plutôt que de rappeler nos racines grecques et judéo-chrétiennes (comme le déplore J. Dewitte), ne serait-ce pas cela que le traité constitutionnel aurait utilement pu dire dans un Préambule ?
Guy Emerard
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