« A quelque chose, malheur est bon ! » Ce devrait être la devise des « politiques » et donc des citoyens. Plutôt que de se lamenter, il faut savoir tirer de nos erreurs, les conséquences utiles. Ainsi de la malencontreuse politique américaine au Moyen-Orient. En mettant la main sur les réserves irakiennes, elle avait pour but d'assurer durablement les étasuniens d'un approvisionnement pétrolier à bas prix. C'est l'inverse qui s'est passé. Ce « bon malheur » accélère la prise de conscience de la gabegie énergétique et de la gravité du dérèglement climatique. Merci donc à M. Bush de s'être trompé et bravo à M. Al Gore (bien qu'il n'ait rien fait quand il était en position pour agir). Et surtout « Vive la démocratie » qui semble inciter les peuples à ne pas persévérer dans l'erreur.
C'est du moins ce que l'on pourrait espérer bien que ce soit loin d'être gagné comme le prouve le récent « sommet » de Bali. D'où l'importance du nécessaire « empouvoirement » de chacun pour changer de comportement. L'idéal serait de n'utiliser que les énergies renouvelables. Et en attendant, de généraliser la limitation du « droit à polluer » à toutes les entreprises et tous les particuliers. Pour eux, il faudrait limiter la consommation individuelle d'énergie fossile à une demi TEP par an. Mais, même en étant optimiste, il faudra bien compter au moins une génération pour en arriver là. Ente temps, l'effet de serre et le réchauffement planétaire vont se poursuivre. Alors que faire en attendant ?
Tout se passe comme si la planète était en surrégime : nous brûlons nos réserves en 100 000 fois moins de temps qu'il lui en a fallu pour les constituer. La Terre est comme un travailleur de force qui n'aurait pas le droit de s'arrêter, il transpire pour se rafraîchir mais par là même, entretient son « surrégime ». Pour ne pas mourir d'épuisement, faute de pouvoir s'arrêter, il faudrait au moins qu'il se rafraîchisse. Un peu comme les coureurs du Tour de France qui s'arrosent avec leurs bidons.
C'est ainsi que l'on peut caractériser la proposition faite par deux très éminents chercheurs britanniques: James LOVELOCK et Chris RAPLEY (retenons bien leurs noms, ce sont peut-être les sauveurs de l'humanité). Leur idée est d'augmenter considérablement l'absorption du CO2 en utilisant les algues et le plancton. Pour ce faire, pas d'énergies nouvelles qui à leur tour augmenteraient les émissions de gaz carbonique. Il s'agirait d'installer dans les mers des milliers voire des millions de tubes géants (10 m de diamètre et 100 à 200 m de longs) qui, agités par la houle et munis de clapets, feraient remonter en surface l'eau des couches profondes, plus froide et plus riche en nutriments. Ainsi pourraient être multipliées les capacités de recyclage du dioxyde de carbone. « 500 gigatonnes ! » voilà l'enjeu. Des chiffres énormes qui ne parlent pas mais il semble logique de suivre ces chercheurs quand ils proposent de mobiliser tout le système terrestre pour être à l'échelle du problème.
Est-ce que cette idée va se traduire rapidement dans les faits ? Peut-être ; en tous cas des tests sont déjà en cours. Mais l'erreur serait de croire que l'on tient enfin La solution. Chacun serait alors tenté de persévérer dans l'abus des énergies non renouvelables. L'objectif à ne pas perdre de vue, c'est le « tout renouvelable », ce qui est possible avec le « solaire ». Il faudrait donc améliorer le captage des énergies renouvelables, les répartir équitablement entre tous les hommes et administrer leur bonne utilisation. Ce qui veut dire que même si la salvatrice découverte de Lovelock et Rapley est de joyeusement « pomper la mer », il faudra veiller à ce que la question énergétique reste politique, universelle et citoyenne.
Guy Emerard
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